1. Rhapsody in blue - Deuxième partie


    Datte: 16/02/2019, Catégories: fh, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... au goût acide dans nos verres. Marre de ce bruit, de cette vibration qui me donne envie de sortir d’ici en courant et de te semer dans les rues du quartier. Marre de cette fatigue qui pèse sur mes épaules et noie mon regard, du pli de ma bouche qui révèle la honte que j’éprouve à désirer tout ton corps malgré tout ce qui nous sépare ; le dégoût de moi-même qui s’en déduit.
    
    Je me lève péniblement, et sans vérifier que tu me suis, je fuis les regards des hommes et leurs verres à Martini, les filles à moitié nues qui se pavanent comme des putes, la musique vibrato et ronflante qui me casse les oreilles, l’obscurité propice à l’intimité, et ces faux-semblants qui me font jouer un rôle que je n’aurais jamais voulu tenir ; de ma démarche titubante qui pourrait me faire ressembler à une ivrogne, je fuis cet endroit comme s’il était maudit, et je te fuis toi aussi, peut-être, toi et ton corps, toi et ce désir qui me prend à la gorge en une longue suffocation douloureuse … oui, si seulement je pouvais te fuirtoi, Michael.
    
    Quelle ironie du sort.Toi, toi que je voudrais aujourd’hui fuir, j’ai pourtant passé des années à ...
    ... te chercher à chaque détour de miroir, à chaque contour de couloir, à chaque lacet de mémoire ; et me voici prête à faire la course avec le désir que j’ai de toi. Rien n’est nouveau dans cette histoire. J’ai déjà connu tout ça, cette honte, ce dégoût, cette attirance incontrôlable, cette culpabilité et ces remords qui dévorent peu à peu la raison. Et c’est peut-être ce parfum de déjà vu qui me rend malade, qui explique ce goût de cendre qui persiste dans ma bouche.
    
    Car la logique de cette aventure devient évidente : si ledébut et lependant demeurent les mêmes, alors la fin sera la même également. Or, la fin de notre histoire a été l’expérience la plus triste que j’ai jamais eue à vivre. Et je n’ai aucune envie de revivre ça.
    
    N’ai-je donc rien tiré de mes erreurs ?
    
    Un instant, je caresse l’idée de courir à la gare m’acheter un billet pour le premier train en partance vers Paris.
    
    Parvenue à l’entrée du bar, je me retourne ; pour me confirmer que je suis bien libre de mes mouvements, peut-être. Mais tu te trouves juste derrière moi. Nos regards se croisent, puis nous sortons et prenons le chemin du retour. 
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