Rhapsody in blue - Deuxième partie
Datte: 16/02/2019,
Catégories:
fh,
regrets,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... mouvements aléatoires qui n’ont fait que nous éloigner petit à petit. Toi et moi gangrenés par les occupations mesquines de la vie, la préoccupation de l’avenir, les désirs et les obligations.
Toi et moi, prisonniers de cette toile que nous avons tissée des années plus tôt, sans craindre tout ce que ça allait logiquement impliquer… Une fois que des liens se sont formés, il est si difficile de les rompre. Ces fils passés entre nous, pour le meilleur et pour le pire. Oh oui ! J’en sais quelque chose. Mieux que la plupart des gens, peut-être.
Comment ai-je pu croire que je t’oublierais un jour, Michael ?
Un refrain d’une chanson de Souchon me vient alors aux lèvres, et je me retiens de le fredonner tout haut :« Le joli fil entre nos cœurs passé, oh le fil, le fil de nos sentiments enlacés, oh le fil nous lie, nous relie… »
Arkshay me parle. Je l’écoute à peine, néanmoins peinée de le voir me dire adieu, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le plus triste depuis que je suis arrivée dans cette ville, c’est de savoir qu’il y a de fortes chances pour que je ne la revoie jamais, que je ne revoie jamais les amis que tu me présentes ; et peut-être même toi y compris. Une fois qu’une personne est entrée dans mon décor, quand je la trouve sympathique, c’est dur de la voir partir. Est-ce que je m’attache trop ? Allez savoir.
Malgré ma fatigue, mon regard trouble, et la demi-obscurité de la rue où nous nous trouvons maintenant, je grave les traits de Arkshay dans ma ...
... mémoire. Tâchant de me convaincre que je n’oublierai pas son intelligence, sa vivacité d’esprit, son humour, sa façon de parler. Sa façon de voir les choses. LaIndian Attitud, à la fois américanisée et européanisée. Curieux mélange. Un cocktail Molotov qui explose, mais en bien.
– I’m glad to know you, Arkshay, dis-je avec un sourire timide.
Dans son visage d’un brun doré, son regard d’obsidienne me pénètre, puis dérive sur toi ; et jesais alors que ce regard – et tout ce qu’il laisse entendre – restera marqué dans mon esprit. Et je comprends subitement pourquoi il devait absolument partir. Pour nous laisser seuls tous les deux, bien entendu.
Des larmes me viennent aux yeux. Quelle chouineuse je fais en ce moment ! Je ne l’oublierai pas, cette façon de sentir les gens, les choses, et de s’adapter à eux. Non, ça, je le conserverai quelque part, dans ma mémoire sur Arkshay. Parce que je n’ai jamais vu quelqu’un de semblable. Pour moi, c’est la manifestation d’une gentillesse et d’une délicatesse authentiques. Un vrai gentleman, ce Arkshay bienfaiteur.
Il me dédie un grand sourire, qui, je me l’accorde, ne veut pas dire grand chose, et repart comme il était entré dans ma vie, la veille : brusquement et naturellement.
– Tu as aimé la soirée ?
Nous sommes assis, ou plutôtavachis, dans un vieux canapé tout mou, au fond d’un bar sombre et archi-plein. La musique, tonitruante, vibre dans les coussins de cuir brun, résonne jusqu’à mes dents, et me fait un effet malsain. ...