1. Rhapsody in blue - Deuxième partie


    Datte: 16/02/2019, Catégories: fh, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    - Dialogues -
    
    Lorsque je me réveille, neuf heures plus tard, je suis seule. Je ne t’ai pas entendu te lever. Je reste un moment au lit, comme à mon habitude, réfléchissant aux endroits que je vais visiter aujourd’hui. Tu as cours jusqu’au soir, j’ai donc toute la journée pour moi.
    
    Je ne suis plus très sûre d’être heureuse de ma soudaine liberté de mouvement. Je prends mon petit-déjeuner dans un parfait silence, ne me sentant pas d’humeur à écouter de la musique, et encore moins des informations venant de la radio française. La guerre entre les États-Unis et l’Irak est imminente, pourquoi continuer à appliquer la politique de l’autruche ? Je n’ai guère envie d’entendre les discours courroucés – mais impuissants – des dirigeants de mon pays, et pis encore, l’écho enragé des manifestations qui envahissent les rues.
    
    À cette idée, je me sens encore plus déprimée. Ainsi, la France et les États-Unis ont froidement choisi de se tourner le dos. Et moi, je suis coincée ici à tenter de sauver ma vertu –ce mot me plonge dans une extase narquoise… – et de rétablir des relations pacifistes entre les deux nations, à mon échelle bien entendu.
    
    Je me sens brusquement ridicule. Les larmes que j’aurais pu tirer de moi la veille finissent donc par m’avoir, traîtreusement, tandis que je finis mon thé sans appétit. J’ai mal. Je me sens perdue, désorientée, je me sens idiote et faible.
    
    Dans la salle de bain, le miroir me renvoie l’image d’un visage blanc aux yeux gonflés. Je contemple ...
    ... en silence cette apparition fantomatique. Toute cette comédie entre toi et moi me coûte bien plus d’efforts que je ne l’aurais cru. J’ignore combien de temps encore je vais pouvoir tenir, rester droite devant toi, vivre mon quotidien sans ressentir de honte, dans ce halo d’irréalité qui nous entoure.
    
    Décidément, je me sens comme une étrangère dans mon propre esprit, dans mon propre corps. Depuis bien longtemps, peut-être. Suis-je en train de m’éveiller d’un interminable sommeil ? Me suis-je perdue, durant toutes ces années, dans cette attente que je renie aujourd’hui ? Cette longue et grotesque attente ?
    
    Je voudrais cesser de me torturer de la sorte, mais un fossé immense s’est ouvert sous mes pieds dès que j’ai croisé ton regard, à la gare. Je ressens à nouveau une sensation de vide comme si je venais tout juste de découvrir que je n’étais vraiment plus que cette coquille vide, et cela, depuis très longtemps. Mais comment peut-on rester aveugle à ce point-là, et pendant de si longues années ?
    
    N’est-ce pas plutôt maintenant que je suis en train de perdre les pédales ? Pourquoi le fait de te revoir, aussi incroyable qu’il puisse être, me procurerait-il une telle impression de désastre, de perdition ? Tu n’es rien d’autre qu’un homme ! Comme il y en a tant d’autres ! Alors pourquoi ai-je ressenti le besoin de me tourmenter si douloureusement dès que j’ai posé les yeux sur toi ? Notre histoire est finie, bel et bien finie, et je n’éprouve plus aucun doute là-dessus. Je ...
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