Rhapsody in blue - Deuxième partie
Datte: 16/02/2019,
Catégories:
fh,
regrets,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... me sens à la fois détachée de toi, et pourtant étrangement proche.
Je frissonne, prenant soudain conscience de la légèreté de ma chemise de nuit, et me détournant brusquement du miroir, je me penche au-dessus de la baignoire et tourne à fond les robinets d’eau chaude. Le jet éclate soudain dans une gerbe de gouttes contre la blancheur de la porcelaine. Je regarde sans le voir le filet d’eau ruisseler jusqu’à la bouche d’évacuation, puis me décide à ôter ma chemise et me glisse sous la douche.
Je suis à la recherche de la jeune fille qui t’a aimé. Celle qui n’avait que dix-huit ans, et qui est morte en moi, à présent. Je suis à la recherche de ma jeunesse, comme si j’avais raté un précieux épisode de cette époque, et qu’il me fallait à tout prix le rattraper, le comprendre, en tirer une leçon.
Ma gorge se serre. Tout cela est trop tard, et les années écoulées sont derrière moi aussi sûrement que je m’appelle Eva. Et si je veux comprendre comment j’ai pu t’aimer si fort, il ne sert à rien de me plonger dans mes souvenirs. Rien qu’à te voir, je le sais. Tu es tout ce que j’ai toujours rêvé d’avoir.
À cette pensée, je reviens alors en terrain connu, et commence à me laver les cheveux.Tout ce que j’ai toujours rêvé d’avoir. Mais la vie est assez cruelle pour me le refuser sans cesse, et quelquefois, j’en suis soulagée.
Peut-être serais-je incapable de savourer le bonheur d’avoir enfin ce que je voulais. L’inaccessible une fois attrapé, il ne me restera plus de ...
... rêves, juste ce quotidien monotone scandé au rythme des heures qui s’écoulent. L’habitude. Ce que je hais, de toutes mes forces. Une fois le gibier pris au piège, l’excitation de la chasse retombe rapidement, et heureusement, je suis assez mûre pour l’avoir compris. Je me déteste autant que je déteste l’idée d’avoir pu faire de toi la cible de mes rêves. Tu ne seras jamais à moi, et sans doute, si cela arrivait, je m’en lasserais aussi vite que je me lasse d’un nouveau vêtement.
Admettre que je souhaite êtreréelle, de toutes mes forces, n’est pas une fin en soi. La vérité, c’est que, hormis le désir intense d’être reconnue comme un être humain existant, je ne sais pas ce que je veux.
Tu m’as demandé ce que j’attendais de la vie. Aurais-tu compris de moi beaucoup plus de choses que je ne pourrais le soupçonner, bien plus de choses que moi-même ? Ta réserve, ton silence, les rares marques d’affection que tu me témoignes, seraient-ce les signes d’une lucidité à mon égard que je suis incapable d’avoir, aveuglée que je suis par mes stupides sentiments et mon manque de bon sens ?
Le shampoing dégouline soudain dans mes yeux, et m’arrache des cris de douleur, détournant enfin mes pensées anxieuses.
Plus tard, en rangeant la chambre, je retrouve coincé entre la table basse et l’assiette du pot de fleurs, le poème que j’ai écrit la veille et que j’avais froissé dans la poubelle.
Je songe un instant à le jeter à nouveau, mais si tu l’as récupéré, je préfère te le laisser. Je ...