Rhapsody in blue - Deuxième partie - Histoires de Sexe

Rhapsody in blue - Deuxième partie

... Parce que je suis la plus fragile de nous deux, malgré le fait que tu viennes de te faire larguer par ta petite amie.

Et l’idée que venir te voir, et accessoirement coucher avec toi, pourrait me sortir de ce bourbier, a été une si cruelle erreur que je suis là, paralysée sur ma chaise, tremblante, dans un restaurant bondé, coupée du monde par ma surdité, mon aveuglement et mon mutisme éphémères.

Je suis là, je me torture l’esprit, ce qui est bien la preuve que c’est moi qui souffrirai encore de cette histoire avec toi. Il y a des règles qui ne changent jamais en ce monde, et notamment que les plus faibles se font toujours dévorer par les plus forts. Or, tu es le gagnant. Tu l’étais déjà il y a trois ans. Tu le seras toujours. Notre rapport de force a toujours été déséquilibré par ta personnalité dominante, et je vois mal pourquoi notre relation évolueraitad contrario. Tu es le plus fort. Et je me laisse avaler comme une vulgaire souris sans défense.

Mais comment faire pour inverser cette relation de force ? Comment faire pour arrêter la machine déjà en marche ? Comment croire encore que c’est moi qui maîtrise la situation et que c’est parce que je le veux que je fais l’amour avec toi ? Ce soir, lorsque tu te coucheras près de moi, que ton doigt suivra lentement la courbe de mon cou, que tes lèvres viendront se poser sur le coin de ma bouche, quand ton corps viendra se coller au mien, que me restera-t-il comme choix, Michael ? Te dire stop, j’arrête tout, je ne veux ...

... plus que tu me touches ?

Et après, que ferons-nous des jours restants ? Des jours, des heures et des heures à se regarder de loin, sans s’approcher, tandis que notre frustration, notre rage même, monteront au fur et à mesure. Il faudra bien que la tension éclate. Et je n’ai pas envie de te perdre. Plus maintenant.

Plus maintenant, non.

L’amertume me gagne à son tour. J’ai l’impression d’avoir un morceau de viande à la place du cœur, c’est vrai. Je sais que je suis incapable de tomber amoureuse de toi une deuxième fois. Mais je n’ai pas peur pour ce que je suis aujourd’hui, j’ai peur pour ce que je serai demain. Lorsque je serai à nouveau capable d’aimer, qui me prouve que mon cœur ne se souviendra pas de toi, de la même manière que mon corps t’a gardé dans sa mémoire, et te reconnaît à la moindre caresse ?

Le problème, c’est qu’au lieu de me raisonner et d’écouter toutes ces sages pensées, je n’ai pas voulu voir que je déguisais de mauvaises actions par de bonnes intentions, histoire de sauver la face.

Ai-je cru pouvoir légitimer un acte sexuel par ma bonne volonté qui ne te voulait que du bonheur ? Ce n’était pas vrai, pourtant. Je n’ai pas couché avec toi seulement parce que tu en avais envie et que ça te rendrait heureux. Je l’ai fait pour moi également, bien sûr ! Et lorsqu’une action est réalisée en vue de son intérêt personnel, alors peut-être que l’égoïsme n’est pas loin, et pourquoi pas, ce bon vieux vice qui fait la fureur des bonnes âmes charitables et ...