1. Rhapsody in blue - Deuxième partie


    Datte: 16/02/2019, Catégories: fh, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... longue dépression, où tout ce que je vivais n’était vécu que dans un rêve embrouillé et haïssable, dépourvu de toute chaleur, de toute amitié, de toute couleur.
    
    Je lui dirais ces longues journées où je me laissais parfois aller à la nostalgie, passant et repassant des moments vécus avec toi, cherchant l’erreur, cherchant le signe. Je lui dirais ces douloureuses questions qui me hantaient, que je ressassais dans mon esprit des heures durant : « qu’est-ce que j’ai fait qu’est-ce qui lui prend m’a-t-il jamais aimé pourquoi ne répond-il pas qu’est-ce que j’ai bien pu faire quelle idiote quelle idiote… »
    
    Je lui dirais, enfin, ce que tu étais pour moi.
    
    L’ami, le confident, le clown de service, l’amant, l’amoureux, et le salaud que tu étais.
    
    Et je lui dirais : « plus jamais ça avec lui ».
    
    Et enfin, Arkshay comprendrait ce qui m’a relié à toi. Ce qui m’a séparé de toi. Et là, il comprendrait comment nous en sommes arrivés au stade actuel de notre relation.
    
    – Are you okay ? demande soudain Arkshay, me sortant de ma léthargie.
    
    Je réalise que je n’ai pas cessé de le fixer pendant tout le temps où je me suis imaginé ce que je pourrais lui dire pour qu’il comprenne.
    
    Tu me fixes avec une intensité déroutante, comme si tu étais capable de deviner mes pensées, de lire à travers l’épaisseur de mes os pour pénétrer directement dans mon cerveau et le vider de ta présence.
    
    – Yes, of course, balbutié-je avec confusion.
    
    Nous parlons un moment, puis Arkshay achève sa ...
    ... pizza avec un appétit que je suis loin d’avoir. Je finis mon assiette lentement, puis contemple en silence la porcelaine tachée. Un frisson me parcourt soudain.
    
    C’est une pulsion sauvage, irrépressible, qui me prend aux tripes, mais je sais qu’elle n’est due ni à l’excitation, ni au désir. Ce que je viens de ressentir, ce courant intense qui m’a fait trembler, c’est de la peur. Une vraie peur. Oui, j’ai peur que tout cela finisse très mal. Il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour deviner que ce que je fais avec toi, Michael, n’est pas raisonnable, et par conséquent, est mauvais. Mauvais pour qui exactement, je ne saurais le dire.
    
    Pour moi, pour mon avenir ?
    
    Pour toi ?
    
    Ce serait me donner une importance dans ta vie que je n’ai jamais eue. Supposer que quelque chose venant de moi, ou qu’un de tes actes, motivé par ma présence, puisse avoir une répercussion minime sur ton existence, c’est me conférer un rôle, aussi minime soit-il, dans cette existence.
    
    Or, j’imagine mal comment je pourrais influencer de quelque manière que ce soit le cours de ta vie. Ton chemin est tout tracé, parce que tu l’as choisi, parce que tu l’as voulu ainsi, et peut-être aussi parce que quelqu’un, quelque part, a également décidé qu’il se passerait ainsi.
    
    En tout cas, tout ce qui ressort de ce raisonnement décalé, c’est que si quelqu’un doit payer les pots cassés de cette aventure avec toi, ce sera moi. Parce que je n’ai pas assez de valeur pour rayer, dérailler le cours de ta vie. ...
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