1. La rencontre du sergent Valentina Netchaïev


    Datte: 15/02/2019, Catégories: guerre, fh, inconnu, uniforme, forêt, Oral nature, Auteur: Jean-Marc Manenti, Source: Revebebe

    ... viens, je te rejoins, nous partons ensemble.
    
    À peine terminé le fracas de l’artillerie, plusieurs centaines de chars T34 firent vrombir leurs moteurs et s’élancèrent vers les lignes allemandes. Les monstres de métal étaient accompagnés par des milliers de fantassins, dont certains debout autour des tourelles. Une fois la vague soviétique arrivée à la moitié du no man’s land, une immense clameur s’éleva dans les airs.
    
    — Hourra Staline ! Hourra Staline !
    
    C’est alors que, du côté allemand, se déchaîna un feu d’enfer, sortant des fusils, des mitrailleuses lourdes, des mortiers, des panzerfaust.
    
    À environ 850 mètres de la tranchée de première ligne allemande, un groupe de femmes militaires russes surgit, à bout de souffle. Le sergent-chef Irina Popovitch, celle qui les commandait, fit un geste du bras. Elles se disséminèrent pour prendre position derrière un fourré ou sur une haute branche. Ainsi, elles n’auraient plus qu’à tirer comme des lapins d’éventuels fuyards, ou des téméraires qui voudraient prendre les Russes à revers.
    
    Irina Popovitch retint par la manche le caporal Svetlana ...
    ... Prepski. Elles longèrent sur quelques mètres le bord de la rivière pour en inspecter la berge. Un bruit, en hauteur, leur fit lever le nez. La grande Ukrainienne, debout sur une grosse branche, leur faisait signe et leur indiquait un endroit du bout de sa mitraillette. Elles durent contourner un cratère pour trouver les deux corps.
    
    — Merde, c’est la camarade Netchaïev, murmura Irina Popovitch.
    
    Son corps déchiqueté était allongé à côté de celui, tout aussi déchiqueté, d’un médecin-officier allemand. Ils avaient joint une de leurs mains et leurs têtes se touchaient presque.
    
    Le caporal se pencha et ferma leurs paupières.
    
    — Comme c’est étrange, ils ont l’air de se sourire, s’étonna Irina Popovitch.
    
    Elle cassa les deux plaques militaires et fourra les deux moitiés dans sa poche.
    
    À 21 heures, alors que les positions allemandes étaient aux mains des Soviétiques, le groupe du sergent-chef Popovitch était au garde à vous devant une tombe fraîche et rendait les honneurs militaire. Le sergent Valentina Netchaïev et le médecin-officier Otto Piltz reposaient côte à côte pour l’éternité.
    
    FIN 
«12...5678»