La rencontre du sergent Valentina Netchaïev
Datte: 15/02/2019,
Catégories:
guerre,
fh,
inconnu,
uniforme,
forêt,
Oral
nature,
Auteur: Jean-Marc Manenti, Source: Revebebe
... devinait généreuse et haut perchée. Elle était coiffée d’une casquette en tissu, ornée de l’étoile rouge, de dessous de laquelle cascadait une abondante chevelure noire que le soleil irisait de reflets violets et pourpres. La longue lame qu’elle tenait à la main étincela une fraction de seconde, puis la Sibérienne se jeta sur lui.
Otto Piltz se renversa en arrière tout en pliant ses jambes, genoux sur la poitrine, protégeant sa gorge de son livre, en guise de bouclier dérisoire. Au moment où Valentina tomba sur lui, l’officier exerça une brusque poussée avec ses jambes, la soulevant de terre pour la faire retomber plus loin.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, la jeune femme était assise par terre, adossée à un arbre, les chevilles entravées, les poignets liés dans le dos. Une sourde douleur cognait dans sa tête. Le jeune officier allemand était à genoux près d’elle et lui tamponnait le haut du crâne avec un coton imbibé d’alcool. Valentina fit une grimace et poussa un petit cri. Otto Piltz s’assit sur ses talons et considéra en souriant le visage aux yeux bridés qui le fixait avec étonnement.
— Allez, vermine allemande ! Viole-moi et égorge-moi, qu’on en finisse !
— Voilà donc ce que te raconte le commissaire politique de ta brigade ? Les Allemands sont tous des barbares assoiffés de sang ! ricana Piltz.
— Tu parles russe ? fit-elle, stupéfaite.
Il éluda la question.
— Désolé, camarade sergent, mais ton crâne a heurté un tronc d’arbre. C’était ça ou ma gorge ...
... tranchée.
Puis, il lui désigna un objet par terre. C’était le couteau de Valentina planté dans la couverture du livre que le jeune officier lisait.
— Tu es drôlement habile ! La lame est passée entre mon index et mon médius. Quelle chance j’ai eue, hein ! Au fait, je suis Otto Piltz.
— Sergent Valentina Netchaïev, se présenta-t-elle.
Piltz sortit un pot de son sac de toile et se redressa sur ses genoux.
— Je vais te mettre une poudre cicatrisante.
Un obus de 300 millimètres passa en hurlant au-dessus de la forêt. Instinctivement, tous deux rentrèrent la tête dans les épaules. Il alla s’écraser quelques centaines de mètres plus loin dans les lignes allemandes. Valentina passa sa langue sur ses lèvres sèches.
— Tu es médecin ? demanda la Sibérienne, une fois le fracas de l’impact atténué.
— Presque ! commença Piltz en découpant un petit pansement. La Gestapo est venue interrompre ma dernière année de médecine. Ils ont menacé de fusiller ma mère, d’origine russe, ainsi que mon père allemand, qu’ils soupçonnaient de communisme ! Alors, me voilà !
Il ouvrit sa gourde et la fit boire. Elle avala de grandes gorgées avec avidité, et, avec ce qu’il restait, il lui aspergea le visage et la gorge, puis épongea son front et ses joues pour ôter les traces de sang. Une fois son attirail rangé dans son sac, il s’assit à côté d’elle et sortit son étui à cigarettes. Il en alluma deux d’un coup et en plaça une entre les lèvres de Valentina. Il saisit le long couteau et, d’un ...