La rencontre du sergent Valentina Netchaïev
Datte: 15/02/2019,
Catégories:
guerre,
fh,
inconnu,
uniforme,
forêt,
Oral
nature,
Auteur: Jean-Marc Manenti, Source: Revebebe
... tard, alors que les derniers rayons du soleil empourpraient l’horizon, le couple se dirigea vers la rivière en titubant de fatigue.
Otto Piltz fumait en silence, assis sur une souche, tout près de Valentina qui dormait encore. Lorsqu’elle s’était endormie contre lui, il avait recouvert son corps nu de sa couverture. Le bruit des insectes nocturnes faisait peu à peu place aux pépiements de myriades d’oiseaux.
Chaque fois qu’il tirait sur sa cigarette, son visage souriant rougeoyait dans la quasi-obscurité. Il ferma les yeux pour mieux penser aux dernières heures écoulées. Il venait de passer la plus merveilleuse nuit de sa vie. Tous deux s’étaient baignés dans la rivière, ils avaient fait l’amour à plusieurs reprises, avaient fumé et bu de la vodka. Lorsqu’il ouvrit les paupières, le visage de la jeune Sibérienne était face au sien.
— Il faut que je parte, dit-elle après un long baiser.
Otto la regarda se revêtir tout en enfilant son uniforme. Là-bas, du côté des lignes russes, l’horizon commençait à pâlir. Ils se serrèrent l’un contre l’autre pour admirer ce magnifique spectacle. Ils suivirent des yeux la trace blanche laissée par une fusée qui montait vers les étoiles.La dernière fusée éclairante de cette nuit, pensa Otto. Mais ce fut une boule rouge qui explosa dans le ciel. Valentina Netchaïev fronça les sourcils. Une minute passa, et ce fut une boule verte qui jeta pendant quelques secondes une étrange lueur sur l’immense plaine.
Alors, loin derrière les ...
... tranchées soviétiques, l’horizon s’enflamma brusquement sur plusieurs kilomètres. Ce fut d’abord un grondement sourd, comme un orage dans le lointain, puis le hurlement de centaines d’obus qui arrivaient sur les lignes allemandes. Plus proche, l’étrange barrissement des orgues de Staline se mêla au fracas assourdissant des impacts des obus de l’artillerie.
— Il faut se tirer d’ici, hurla Valentina pour se faire entendre.
Elle saisit la main du jeune médecin et se mit à courir. Ils avaient parcouru quelques mètres à peine lorsque, brusquement, la terre s’ouvrit sous eux et un bras géant les projeta en l’air dans une odeur de souffre. Des éclats de métal brûlants sifflèrent sinistrement autour d’eux.
La jeune Sibérienne retomba lourdement sur le sol moussu. Elle ne sentait plus ses jambes et une violente douleur courait de son dos à son crâne. Du revers de la main, elle repoussa le voile rouge qui obstruait sa vue. Elle contempla quelques secondes ses doigts ensanglantés, puis, elle le vit, à deux mètres d’elle.
Otto Piltz était allongé sur le côté, le visage hagard, maculé de sang. Un morceau de métal était planté dans son thorax. Avec effort, Valentina Netchaïev se traîna vers lui sur les coudes, en serrant les dents. Le jeune officier tendit une main dans sa direction.
— Valentina… Valentina, je t’aime… Je vais mourir, articula-t-il avec difficulté.
Elle fit un dernier effort et vomit du sang que la terre sèche de Russie absorba tout de suite.
— Otto, je ...