1. Faits pour composer, non pour s'entendre


    Datte: 07/02/2018, Catégories: nonéro, articles, Auteur: Fred le Troll, Source: Revebebe

    ... pour ne pas dire sans arrière-pensées ? En cette matière, j’affiche un pessimisme raisonnable, disciple en cela de Georges Brassens qui, en d’autres temps, chantait déjà telle vérité trop ignorée.
    
    D’ordinaire, l’avidité qui irrigue les vagins et poisse les vulves dure le temps d’un changement de lune. Le premier impair ou la première manifestation de routine font tomber les masques. La femme se réveille de son rêve, rentre en elle-même, secoue jusqu’aux dernières bribes les poétiques foutaises si amoureusement élaborées et voit soudain, à la place de son prince charmant, un homme ordinaire qui lui demande un service quotidien. Un homme comme les autres en somme, ni plus, ni moins.
    
    Aussitôt le contact de sa main devient insoutenable, sa plus tendre caresse confine au va-et-vient mécanique d’une pierre ponce, la fontaine s’assèche, le puits se tarit. Horreur ! Comment échapper à cette odieuse contrainte ? Allez, c’est parti pour la fatigue, le manque de temps, les migraines, les maux de ventre, les règles qui durent 15 jours, les candidoses ou les cystites à répétition, rarement feintes, hélas. Oui, jusqu’où n’irait-on pas ?
    
    Combien ont fait l’expérience de ce fiasco ? Et au bout de quelques mois de vie commune, combien d’hommes ne jouissent – façon de parler – que d’un service minimaliste consenti au seul nom de la diplomatie, dans une configuration routinière dont ils n’ont aucun droit de sortir ? Car lorsque la faim les quitte, ces dames se mettent à louvoyer, ...
    ... coincées entre leur désintérêt de fond et quelques accès d’élémentaire prudence traités sur un mode pragmatique : « C’est son problème, mais si je m’en désintéresse tout à fait, une âme pieuse ne va-t-elle pas feindre de compatir à son mal-être ? On a deux enfants quand même… »
    
    À ce point, combien de rebelles vivant dans l’espoir que l’herbe soit plus verte au-delà de la clôture – éternelle illusion – ou craignant de finir enlisés dans l’impuissance, passent outre et vont voir ailleurs ? Combien d’autres se résignent et se laissent glisser vers l’oubli d’eux-mêmes, mourant à petit feu ? Combien d’hommes peuplent leur solitude en macérant dans leurs fantasmes, écrivant des nouvelles à partir du peu qu’ils ont vécu, élaborant des univers chimériques où des femmes magnifiques seraient puissamment motivées ?
    
    Comme j’ai souvent une oreille qui traîne, j’entendis un jour les confidences de deux familiales commères. La première fit sur le genre masculin une remarque acerbe, mais assez banale, l’autre répondit sur le mode bon-enfant : « Bah, faut pas grand-chose pour les contenter ! » En tant qu’homme, j’en ressentis quelque humiliation. Quoi ? Pour elle qui s’y entendait à positiver, ce n’était somme toute qu’un petit sacrifice rituel ? À moins qu’elle eût gardé dans un coin quelque reliquat de tendresse…
    
    Ça me rappela une chanteuse bien connue, ni très jeune ni spécialement jolie mais agréable et spirituelle, qui confiait avoir récompensé l’assiduité de nombre d’admirateurs « ...
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