1. Faits pour composer, non pour s'entendre


    Datte: 07/02/2018, Catégories: nonéro, articles, Auteur: Fred le Troll, Source: Revebebe

    ... pour leur faire plaisir » ; sa générosité vraie ne méritait que le respect, mais qu’en était-il de l’honneur masculin ?
    
    Un soir, une de mes collègues employa le même ton gentiment condescendant : « Les hommes, faut les faire baiser, autrement ils font des conneries ! » Plus forte encore la miss qui haussa les épaules dans une saute d’humour, quand on la moqua sur quelque relation biscornue : « Je dépanne. »
    
    Le cas de Madame R. ressortissait à cette logique, mais il était plus dramatique. Avec son mari, cette courageuse épouse se désennuyait en comptant les coups, comme elle le confia un jour à ma mère qui me le répéta. Si la femme sait se conduire en lionne, elle cultive aussi l’art de vivre en paix, très loin de son corps. Et puis comme dit l’épouse du notaire dans le filmGarde à vue : « Vous savez, si une femme décide que ce n’est pas important… »
    
    Les filles d’aujourd’hui perpétuent à leur manière cette tradition plurimillénaire de détachement. Les selfies abondent désormais où en douce, par-dessus l’épaule du partenaire, des filles au visage hilare, grimaçant, dégoûté ou terrorisé se photographient à l’insu d’un pauvre idiot qui s’escrime en se racontant une histoire de plaisir partagé. Le sens de l’humour a bon dos ! Ces clichés réfutent clairement tout intérêt, démentent le moindre désir, ridiculisent un fornicateur réduit à sa seule mécanique, déchirent l’amant en menus morceaux. Au moins tout homme raisonnable sait-il désormais à quoi s’en tenir !
    
    Autant ...
    ... de profils, autant de façons de gérer le désintérêt. Mais d’ordinaire, une fois que celui-ci est installé et entériné, ces dames ne prisent guère qu’on prétende rallumer les hostilités. Selon comme souffle le vent, elles peuvent donc se sentir en appétit, et férocement ; cependant ne demandez au juste ni quand, ni comment, ni pourquoi. Et si Alberto Moravia, à 83 ans sonnés, se posait encore vainement la question dans son dernier roman, n’espérez pas que quelqu’un puisse vous répondre.
    
    Un désir cérébral au bout du compte et une disponibilité constante mais aléatoire, au point que la manifestation ciblée, impérieuse et régulièrement réitérée du désir masculin en ressort fréquemment importune. Mais je ne fais là que suivre les traces d’Ovide : « Je hais cette femme qui se livre parce qu’elle doit se livrer, et qui, froide au sein du plaisir, pense encore à son ouvrage. Le plaisir qu’on m’accorde par devoir cesse pour moi d’être un plaisir et je dispense ma maîtresse de tout devoir envers moi. »
    
    Insaisissable désir féminin… Si indéfinissable, si problématique, si peu maîtrisable que, pour tenter de le circonscrire, on lui consacre de savants documentaires fondés sur des recherches scientifiques et sur l’aléatoire sincérité de témoignages et autres souvenirs de femmes jouissant d’une certaine notoriété. Quelle belle occasion d’interviewer des prêtresses du temple people sur les petits secrets de leur vie intime ! Ils sont pour la plupart assez proprets, pour ne pas dire ...
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