1. Mon patron, cet abruti (1 / 7)


    Datte: 10/09/2018, Catégories: nonéro, Humour Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... entendant François qui farfouille quelque part à quatre pattes et Alex qui pianote sur le clavier de son ordinateur. Que m’arrive-t-il, bon sang ? La transpiration commence à coller ma robe à mon dos, et je regrette de n’en avoir pas choisi une plus légère, tant il fait chaud dans les bureaux. Et ce fichu soutif qui me scie la peau !
    
    Quand Cheryl revient, je nage dans une sorte de brouillard. Elle s’approche de moi et doit prononcer à deux reprises la même phrase me priant de me présenter dans le bureau de madame Demarche, dernière porte au fond à droite, avant que je me décide à lever les fesses de mon siège. Je remarque les couleurs sur le visage de Cheryl, et ses yeux brillants attestant de son degré émotionnel. Elle me prend le haut du bras et grimace un sourire :
    
    — T’en fais pas, ça va aller ! tente-t-elle de me rassurer, avant que je sorte pour me rendre dans le bureau de la directrice des ressources humaines.
    
    -oOo-
    
    D’emblée, madame Demarche m’annonce chaleureusement la couleur :
    
    — Comprenez-moi bien, mademoiselle Saintjean, je n’ai aucun grief particulier à votre encontre, mais si j’avais été présente lors des épreuves et de l’entretien de sélection, vous n’auriez pas reçu cet engagement.
    
    Émue par cet accueil enthousiaste, je ne sais que répondre alors je garde le silence, mais je sens la sueur m’inonder un peu partout. Mon interlocutrice, bien qu’assise derrière son bureau, m’en impose plus qu’il ne faudrait. Elle ne doit pourtant pas être ...
    ... particulièrement grande, mais sa maigreur, son teint pâle, son nez à piquer les gaufrettes et ses petits yeux fureteurs postés en observation derrière des lunettes assorties d’une chaînette dorée me filent les jetons. Elle doit avoir la quarantaine bien sonnée, et l’air pas commode du tout ! Je l’entends qui poursuit son monologue, d’une voix neutre mais bien timbrée :
    
    — J’ai beaucoup d’estime pour mademoiselle Lang, qui est une de nos collaboratrices les plus compétentes, et elle m’a assuré que vous conviendriez pour ce poste, alors nous avons décidé de vous faire confiance, monsieur Darville et moi-même…
    
    « Trop aimable de leur part », me dis-je.
    
    — … mais ne comptez pas sur un engagement définitif, poursuit la D.R.H. dont les narines palpitent comme si elle venait de flairer un étron. Il s’agit de toute manière d’une mission à durée déterminée, comme stipulé dans le contrat que vous avez signé hier. Vous serez donc parmi nous pour une période d’un an, en remplacement pour la pause-carrière de madame Martial, à moins que vous ne conveniez vraiment pas ou que vous changiez d’avis vous-même, bien entendu.
    
    « Bien entendu, vieille pie ! » pensé-je en hochant la tête et en me mordant la langue pour l’empêcher de s’agiter, car j’ai compris immédiatement que le vœu le plus cher de la sous-directrice doit être de mettre rapidement un terme anticipé à ce contrat qu’ils ont eu l’étourderie de m’offrir.
    
    — Eh bien voilà, mademoiselle. Bienvenue parmi nous et bonne chance, ...