1. Mon patron, cet abruti (1 / 7)


    Datte: 10/09/2018, Catégories: nonéro, Humour Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... m’annonce-t-elle pour me signifier qu’il est temps de vider les lieux.
    
    Je me lève et respire profondément pour contenir mon envie de lui jeter à la figure la première page de mon répertoire d’insultes et gros mots, et c’est à ce moment qu’une des bretelles du soutien-gorge décide de me trahir ! Qu’est-ce qui m’a pris de respirer si fort ?
    
    Je pivote en vitesse et regagne le couloir en espérant que la Demarche n’a rien remarqué ! Je fonce vers les toilettes et prends note de l’étendue des dégâts en me regardant dans le miroir du lavabo : j’ai l’air d’être issue en droite ligne duMuppet Show ! Je suis en nage, le feu aux joues et les tifs en bataille. Le sein gauche de mon reflet a repris son emplacement normal, trois centimètres plus bas que l’autre. Non que ma poitrine pende spécialement quand elle est livrée à elle-même, mais le soutif de Poppy, trop petit pour moi, pousse vers le haut le sein qu’il emprisonne encore !
    
    Je m’enferme dans un des deux w.-c., et, après avoir constaté l’état irréparable du sous-vêtement bousillé, je décide de m’en débarrasser. Je rajuste ma tenue, non sans une certaine appréhension, après quoi je quitte la cabine et m’examine à nouveau devant le miroir. Alors que je me reprochais, un peu plus tôt, de n’avoir pas choisi une robe plus légère, cette fois je m’en félicite : à condition de ne pas participer à une tarentelle endiablée, l’absence de soutien-gorge devrait passer inaperçue. Ouf ! Je me sens moins l’âme d’une parachutiste sans ...
    ... ces élastiques qui me serrent, et j’espère que pour ce soir les marques sur ma peau auront disparu !
    
    Je tamponne mon visage et mes aisselles à l’aide de serviettes d’essuyage pour en éponger la sueur. Que n’ai-je emporté mon sac à main ? Tant pis ! Pas de retouche au maquillage ni de petit coup de déodorant ! Des doigts, je recoiffe mes mèches blondes, puis récupère le soutien-gorge que j’avais posé sur le bord du lavabo, me demandant qu’en faire. Ah ! Si j’avais emmené mon sac !
    
    Au moment où me vient l’idée de fourrer les restes du soutif dans la poubelle sous un tas de serviettes à main, la porte s’ouvre et la grande rouquine en tailleur marine fait son entrée dans les toilettes. J’ai pivoté pour lui faire face, mains dans le dos et fesses appuyées au lavabo, et je lui adresse un sourire innocent en espérant qu’elle n’ait pas aperçu ce que je tente de dissimuler derrière moi. Elle me jette vainement un regard destiné à me pulvériser dans le cosmos, puis s’enferme dans un w.-c. en claquant la porte. Plus le temps de chipoter ! Le soutif roulé en boule et serré dans le creux de la main, je regagne le couloir et… n’échappe pas à la collision avec le spoutnik de service, qui laisse choir le carton bourré de bouquins et de papiers qu’il transportait vers l’espace documentation !
    
    — Oh ! Pardon ! dis-je.
    — Ce… ce n’est rien ! dit-il en louchant au travers de ses lunettes.
    — Je vais vous aider ! je décide.
    
    D’autorité, je ramasse les livres et les fourre dans le carton, ...
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