Rencontre de l'Ange
Datte: 04/02/2018,
Catégories:
amour,
nonéro,
Auteur: Igitur, Source: Revebebe
... j’ai avalé mon petit-déjeuner avec appétit.
L’infirmière n’a pas tardé, une vieille Antillaise très maternelle que je n’avais encore jamais vue.
— Alors garçon, mauvaise nuit. Les opérations douloureuses éveillent les mauvais souvenirs !
— Oui.
Elle m’avait chopé avec son diagnostic, son approche directe sans fausse question, et son « mon garçon » qui tombait avec un tel naturel chaleureux.
— On va voir ça, a-t-elle dit en s’approchant des multiples pansements qui ornaient mes jambes. Je m’occupe d’abord des plaies du corps, on verra l’âme ensuite.
Pendant qu’elle nettoyait mes plaies, je restais pensif : c’était étrange une infirmière qui parlait d’âme. Peut-être une Antillaise très religieuse.
La chose sembla se confirmer lorsqu’après avoir achevé mes pansements en silence, elle laissa tomber :
— Ce n’est pas le diable qui est en toi.
— Je n’en ai jamais douté.
— Mais je ne parle pas de tes cauchemars, ni de tes souvenirs de la bombe, pauvre malheureux.
Je restais silencieux, attentif et amusé, où m’emmenait-elle ?
— Les étranges souvenirs de la nuit qui te font pleurer au réveil. Ah, tu lui as bien fait peur à la petite Camille pour son premier jour ! Mais c’est gentil de lui avoir dit qu’elle est jolie.
Là, elle laissa passer un long silence que je ne rompis pas.
— Surtout que celle à qui tu penses est beaucoup plus jolie ! Non ?
J’observais toujours le silence, intrigué cette fois
— Les malades dans leur délire s’inventent ...
... parfois des personnages qui viennent les apaiser ou les persécuter, j’en ai vu fuir l’hôpital persuadés d’être poursuivis par un médecin démoniaque qui voulait leur arracher les yeux. J’en ai vu errer dans les couloirs la nuit à la recherche d’un ange. J’en ai même vu un, persuadé que la nuit un ourson venait lécher ses plaies et que ça le soignait. On ne lui avait pas dit, mais l’antiseptique et cicatrisant qu’on lui appliquait contenait du miel !
Et elle partit d’un grand rire tellement communicatif que je ne pus m’empêcher de la suivre, bien que ses propos m’inquiétassent.
— Tu ris, c’est bon pour ta santé ! C’est bon pour ton moral. Oh là là, là là tu allais bien mal cette nuit ! Je voulais te donner quelque chose, mais tu t’es calmé si vite, si vite, si vite, c’était incroyable, j’avais jamais vu un baiser sur le front calmer si vite un malade aussi délirant que toi.
Je me suis redressé d’un bond et j’ai regardé la vieille infirmière.Elle ? pensai-je. Comme depuis le début, elle semblait lire mes pensées, elle éclata de son rire limpide. Puis elle s’arrêta net se leva remballa son matériel et s’éloigna. Sur le pas de la porte, elle ajouta à voix basse.
— Ophélie essaiera de venir te voir dans la journée…
Mais la mystérieuse Ophélie ne vint pas. Au lieu de cela les visites incongrues se multiplièrent. Chaque fois que la porte s’ouvrait, mon cœur battait. Ce furent d’abord deux inspecteurs de la Direction générale du renseignement intérieur qui vinrent recueillir ...