1. Rencontre de l'Ange


    Datte: 04/02/2018, Catégories: amour, nonéro, Auteur: Igitur, Source: Revebebe

    ... une bonne nouvelle que je pourrais sortir le lendemain. Il voulait me revoir une semaine plus tard, c’était déjà ça. Ma mère m’avait pris rendez-vous chez un psychologue. Il restait des démarches à faire. Rien de réjouissant.
    
    Le jour suivant un infirmier m’apporta mon dossier, je pouvais partir.
    
    Je me suis levé, j’ai titubé quelques secondes, je me suis habillé, j’ai regardé la chambre une dernière fois et je suis sorti.
    
    Devant l’ascenseur Henriette s’est approchée de moi avec cet incroyable sourire propre à résoudre tous les chagrins.
    
    — Tu partais sans m’embrasser et sans embrasser ta Camille.
    
    Et elle me serra contre son opulente poitrine comme si nous étions de vieux amis. Cela me fit du bien. Camille derrière elle murmura :
    
    — Bon retour.
    
    Elle rosit une fois encore, lorsque je la serrai fort contre mon cœur en lui murmurant à l’oreille.
    
    — Au revoir, belle Camille.
    
    Je l’embrassai trois fois, en m’efforçant à chaque baiser de m’approcher de ses lèvres, je finis pas poser ma bouche sur la commissure délicieuse et fraîche d’une jeune femme dont les joues passèrent du rose ému au rouge passion.
    
    J’avais l’impression de quitter des amies, le cœur serré.
    
    L’ascenseur s’est ouvert. Une femme grande, élégante, m’observait avec un regard noir, profond, en souriant. Sans blouse, fraîche, discrètement maquillée, j’avais du mal à reconnaître l’ange du fond du gouffre, l’Ophélie exténuée des heures sombres des urgences.
    
    Henriette et Camille ...
    ... avaient disparu sans que je m’en aperçoive, les papiers me glissaient des mains, je pleurais tranquillement. Pour la première fois depuis si longtemps, je pleurais de bonheur.
    
    Les papiers se sont répandus à mes pieds, Ophélie s’est précipitée pour les ramasser, je restais médusé par sa beauté et son air rayonnant d’amour pour moi. Elle m’a pris la main pour entrer dans l’ascenseur. Nous sommes descendus en silence main dans la main. Nous avons marché dans l’air frais du matin. Je voyais la ville pour la première fois. Nous avons traversé la place de l’attentat. J’ai regardé les lieux en laissant les images vagabonder sans chercher à les arrêter. Les images de l’horreur glissaient sur moi comme la pluie sur les feuilles des arbres en été.
    
    Nous nous taisions. Je regardais Ophélie si intensément que toute autre image disparaissait.
    
    Chez elle, nous nous sommes allongés sur le lit. Nous sommes restés main dans la main, silencieux. Son visage serein penché vers mon visage, Ophélie me regardait avec cette même intensité. Ses lèvres se sont posées sur ma bouche un instant, elle a dit :
    
    — Je suis venue souvent te regarder dormir.
    
    Ou l’ai-je pensé ? Je me suis blotti contre ses seins et j’ai pleuré. Un poing de béton martelait sans relâche un visage de femme, un beau visage, le visage d’Ophélie. Ce visage.
    
    Lorsque les secours eurent dégagé les gravats, ils trouvèrent deux corps enlacés, une femme défigurée serrant contre sa poitrine un homme aux jambes déchiquetées. 
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