1. Version française


    Datte: 31/05/2022, Catégories: fh, Collègues / Travail amour, cérébral, revede, vidéox, caresses, pénétratio, jeu, portrait, québec, rencontre, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... n’aurait pas dépareillé mes propres productions animalières : le commentaire s’y serait probablement extasié sur les prodiges de la nature, depuis l’élasticité des tissus jusqu’à la large variété de vocalises qu’il est possible d’émettre autour du double thème du « oh non » et du « oh oui ».
    
    Je tâchai d’abord de me rassurer en m’attribuant un point à l’indice Momo : la gonzesse était blonde et outrageusement poumonnée. Mais plus la séquence se prolongeait, plus je m’enfonçais dans le canapé, consterné par le niveau affligeant de cette série Q.
    
    Et s’il n’y avait eu que les images… Didier m’avait assuré à l’hôpital que je n’aurais rien à faire ni préparer. La copie de démonstration m’arriverait en version française par un courrier DHL, la veille du rendez-vous, directement depuis Montréal, où elle était en cours de doublage.
    
    Je suis certain d’avoir ensuite maudit Didier et m’être promis d’aller bientôt le torturer sur son lit d’hôpital pour m’avoir imposé cette humiliation. Si la ville canadienne compte des studios de doublage parfaitement compétents, celui auquel Didier avait fait appel devait surtout être compatible avec son légendaire sens de l’économie, et exclusivement destiné à satisfaire la demande locale. Superposé au kitsch flamboyant de ces images explicites, le doublage propulsait la séquence en pleine science-fiction, au cœur de la quatrième dimension.
    
    Tétanisé, je surveillais du coin de l’œil le profil de cette femme si distinguée, étonné de la voir ...
    ... contempler la catastrophe avec une apparente impassibilité, à peine troublée par quelques grimaces involontaires.
    
    Enfin, l’inévitable se produisit. Elle leva un bras, toujours aussi délicieusement nu et gracieux, qui intimait très clairement à Momo l’ordre d’arrêter le massacre. Et un long, un interminable silence pesa sur nous.
    
    — Je suis désolé, je pensais que…
    — Abstenez-vous de penser.
    
    Je réprimai juste à temps le stupide réflexe qui allait me faire répondre «oui, madame », et me contentai de fermer ma gueule, ce qui sembla être effectivement la réponse la plus appropriée.
    
    Les paupières closes, elle inspira plusieurs fois, lentement et à mignons poumons, ce qui me fit croire qu’elle était furieuse, et réprimait à grand-peine l’envie de laisser éclater sa colère, avant de demander au placide Momo de me dégager d’ici ou d’icitte d’un magistral coup de pied de but dans les roubignoles. Mais contre toute attente, elle parvint à se maîtriser et articuler un commentaire parfaitement rationnel.
    
    — Voyez-vous, Monsieur Bismuth, à titre personnel, je n’ai rien contre les accents. C’est même savoureux, le parler québécois. Imagé, décontracté du slip, souvent bien plus réjouissant dans son invention que notre idiome parisien, avec sa prétention de former la norme absolue de la langue française.
    — Oh, moi, vous savez, je suis berrichon, alors…
    
    L’ombre d’un sourire flotta sur ses lèvres, hésita, et finit par s’évanouir. Elle grimaça, détourna la tête un moment, puis ...
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