1. Version française


    Datte: 31/05/2022, Catégories: fh, Collègues / Travail amour, cérébral, revede, vidéox, caresses, pénétratio, jeu, portrait, québec, rencontre, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... salopes !
    — L’ovule fécondé met dix mois à se fixer à la paroi de l’utérus.
    — Et lentes à la détente, avec ça…
    — Voilà, t’as tout compris. C’est décidément pas simple tous les jours, la vie de blaireau ordinaire. Faut être très patient, un peu chanceux, pas trop jaloux, accepter de ne jamais être sûr de récolter ce que t’as semé, te contenter d’une vie solitaire et souterraine…
    — Holà ! Un petit coup de blues ? Besoin d’une petite bière ? D’autre chose ? T’es en manque ?
    — Devine de qui…
    — C’est vrai ?
    — À ton avis ? Comme d’une drogue dure.
    — Moi aussi. J’en peux plus.
    
    Son rire éclate et nous libère. Je réalise enfin que ce rire merveilleux qu’elle s’oblige toujours à contenir quand elle est avec moi n’est jamais qu’un autre orgasme. J’en tremble au volant.
    
    — Au fait… Paul ? J’ai bien réfléchi.
    — Oui ?
    — Je t’aime.
    
    Elle doit entendre le ronflement du moteur qui grimpe dans les tours, les rapports de boîte qui passent. Elle doit deviner le frisson qui me traverse, et comprendre que si je me tais, c’est que ma gorge se noue. Le silence qui suit n’est pas vraiment du silence.
    
    Quand je finis par le rompre, je parle en flot ininterrompu. Je lui décris la route, les virages qui s’enchaînent, les silhouettes des panneaux routiers qui se découpent dans le faisceau des phares. Je lui dis l’éternité que dure chaque seconde sans elle, je lui parle de la pluie qui tombe et des yeux qu’elle lui faisait, ce jour-là à Paris, sous ses mèches trempées, je lui révèle sa ...
    ... splendeur nue quand elle se mit à me sourire après que nous ayons baisé, les cheveux cette fois collés par la sueur ; je lui fais écouter le rythme rapide des balais d’essuie-glaces frottant le pare-brise, synchronisé avec les battements de mon cœur. Je lui décris chacune de ses grimaces, chacune de ses manies inconscientes qui forment autant de petits miracles de grâce, comme ce doigt qui tourne une mèche quand elle réfléchit. Je lui parle de ses lèvres douces, de son corps ferme, de sa peau au parfum de tuile aux amandes. Je lui parle des lueurs bleutées de l’ambulance que je croise et de mon propre sentiment d’urgence ; je lui décris chacun des ronds-points que je franchis, je l’entends soupirer et me répondre, m’avouer qu’elle est nue, à présent, et que ses doigts frôlent eux-mêmes son corps en mouvements giratoires.
    
    Je luis dis que j’arrive et elle ne comprend pas.
    
    Je lui décris la masse sombre d’une grande bâtisse sous un vieux noyer, le chien qui aboie, la fenêtre allumée, la seule…
    
    Elle se tait. Une porte s’entrouvre. La voix du téléphone murmure un « Viens… »
    
    Le couloir est sombre, étroit, il mène tout droit à une chambre où vacille une faible lueur, celle d’une bougie.
    
    Et puis elle est là.
    
    Et ce qui suit, ne me demandez pas de vous le décrire de façon précise. Tout se mélange, nos corps et nos cœurs, comme dans un tableau abstrait. Pures formes, lumières, matière ; nous brossons nos corps au pinceau, au couteau. Plus un mot, cette fois nos voix se ...