1. Version française


    Datte: 31/05/2022, Catégories: fh, Collègues / Travail amour, cérébral, revede, vidéox, caresses, pénétratio, jeu, portrait, québec, rencontre, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... longues minutes, avant l’appel, de l’autre côté de la paroi de verre. Avant d’observer son visage rêveur, juste après… Juste après ses mystérieuses absences du mercredi, aussi.
    
    Adèle me gratifia d’un joli sourire et d’un clin d’œil.
    
    — Rien ne me ferait plus plaisir que d’être celle qui vous réunit, Monsieur X…
    
    ⁂
    
    Non, la patience n’est pas une vertu.
    
    On ne la choisit pas, on la subit, elle vous enferme en vous sans vous concéder la moindre promesse. Alors on hausse les épaules et puis on s’abstient d’espérer trop. Je me consolai en musique, en prenant soin d’éviter tout ce qui pouvait me rappeler le frisson d’une voix féminine qui vous murmure à l’oreille. Pas d’Ella Fitzgerald, de Sarah Vaughan, ni de Billie Holiday, mais du jazz pourtant, oui. Charlie Parker, Coltrane, Miles… De merveilleux copains pour me rendre le goût du rythme, sans chercher stupidement à me débarrasser du blues.
    
    J’avais bien entendu décliné la proposition de Didier de poursuivre la coproduction de« Version française ». Impossible sans elle. Mais il fut d’une générosité peu coutumière, m’abandonnant la majeure partie des bénéfices de la première saison.« La moindre des choses », dit-il. Rien ne m’obligeait dès lors à reprendre aussitôt le collier. Mais j’y vis une forme d’hygiène, un nécessaire retour à la normale après cette parenthèse de pure passion qui m’avait laissé fiévreux.
    
    Je commençai par tourner un film sur le blaireau, cet animal si injustement décrié, et même déterré et ...
    ... massacré en France avec une abominable cruauté, quand les pays voisins le protègent. Je commençai le documentaire sans conviction, je le terminai plein de sympathie envers son sujet. Elle dut se ressentir dans la voix off, que j’enregistrai moi-même, comme elle me l’avait conseillé.
    
    J’enchaînai alors sur une pure commande : un documentaire touristique pour Anglo-saxons, consacré aux marchés de France. Une longue collection de cartes postales sans autre intérêt que celui de fournir de jolies images, et probablement soutenir le marché immobilier de la seconde résidence pour traders britanniques si hostiles à l’Europe qu’ils s’empressent ensuite d’en acheter un morceau.
    
    Je filmai les marchés du Vaucluse, ceux du Var, ceux de la Dordogne. Je finis par ceux de la Haute-Garonne. Mon preneur de son attendait ce jour-là à quelques pas, tandis que je tournais quelques plans de coupe à insérer au montage. En l’occurrence, je m’étais accroupi pour filmer des pyramides de pêches et d’abricots joliment exposées dans des paniers posés à même le sol, quand je vis surgir dans le champ de jolis pieds bronzés dans de ravissantes sandales. J’aurais bien protesté si ces doux envahisseurs cerclés de fines lanières ne m’avaient tout compte fait pas parus bien plus sexy encore que les fruits mûrs rangés dans leurs corbeilles. Et puis la voix de leur propriétaire glissa jusqu’à moi.
    
    — Finalement, c’était moi, le maillon faible.
    
    Je quittai l’oculaire, levai les yeux, et la découvris qui me ...
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