Version française - Histoires de Sexe

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... parler. Levant les yeux, elle voit la déception se marquer sur mon visage. J’aurais volontiers tenté dans un lit le long métrage.

— Et puis Paul, je ne veux pas de malentendu. Aussi bon ce moment fût-il, il s’agit d’un accident. Intense, sauvage, formidable sans doute, inévitable aussi, mais un accident. Je ne mélange d’ordinaire pas les affaires avec la bagatelle.
— Un accident ? J’ai bien entendu ? C’est quoi, ce mot ? Je ne suis qu’un accident ?
— Paul, non…Surtout pas. Excusez-moi. Je voulais dire… une exception.

Je lui en veux terriblement, à ce moment précis. Je n’ai le cœur ni à faire l’autruche ni à faire l’andouille.

— Fuck le business, Alix ! J’existe. Je suis fou de vous. Je ne suis pas qu’une voix qui décore vos programmes. Le clou de votre spectacle.

Elle tremble un peu, les yeux baissés, fronce les sourcils, hoche lentement la tête.

— Bien sûr que non. N’allez pas croire ça. Même si je ne vous ai rien caché de ma vie ni de mes contradictions. Bien sûr que j’avais envie de vous. C’est juste que… le contexte n’est pour l’instant pas facile, dans cette maison. Je suis tendue, confuse. Et donc maladroite. Ou même conne et injuste. Pardonnez-moi.
— Vous ne me devez rien. Je ne mendie pas. Dites-moi simplement ce que vous voulez. Une voix masculine. Un coup à la sauvette, de temps en temps. Davantage si affinités. Ou simplement que je vous foute la paix. Vous disposez à nouveau de toutes les options. Faites-en ce que vous voulez. Mais ne soufflez ...

... pas sans cesse le chaud et le froid, de grâce.
— Désolée. J’ai gâché la fête… Laissons retomber la pression. On en reparle très vite, c’est promis. Hors business. Même si à ce propos, nous devons nous revoir lundi. Reconduire le contrat pour une deuxième saison. Ce devrait être une formalité. Les chiffres d’audience sont au zénith. N’en profitez pas pour nous ruiner.
— Je ne viendrai pas seul. Didier a enfin quitté l’hôpital. Il a hâte de vous rencontrer. Et je lui rendrai bientôt la totale gestion du projet. La saison deux se fera probablement sans moi.
— Je n’arrive pas à l’imaginer. C’est dommage.
— Peut-être pas tant que ça, si ça peut étouffer vos scrupules. Au moins, j’en aurai le cœur net.

Elle marque un temps d’arrêt, approche son visage du mien, évoque un indice, pose un lent et doux baiser sur mes lèvres, caresse ma joue, murmure encore le mot « lundi », sourit, tourne les talons et disparaît dans le couloir, où elle croise Maurice qui sort des toilettes, à qui elle lance cette boutade, sans même le regarder.

— Dites-moi, Momo, c’était vraiment chaud à ce point-là ?

⁂

Le lundi suivant, je rentrai dans le patio deCanaille dans un état second. Je n’avais que faire de ce contrat. C’était ma vie qui allait se jouer en la revoyant, comme celle de celui qui vient de tout miser sur rouge, pair et manque.

Didier était pour sa part aux anges : non seulement était-il certain de rafler la mise, mais nous fûmes aussi accueillis à la réception par la délicieuse ...