Version française
Datte: 31/05/2022,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
amour,
cérébral,
revede,
vidéox,
caresses,
pénétratio,
jeu,
portrait,
québec,
rencontre,
Auteur: Amarcord, Source: Revebebe
... rencontre. En me complimentant, elle n’avait pas tenté de me provoquer ni me draguer grossièrement. Elle avait dû déceler dans le rythme et le timbre de ma voix une musicalité qui se mariait avec la sienne, en accords tantôt mineurs, tantôt majeurs. Au cours de ces séances d’enregistrement souterraines et clandestines, j’étais parfois la contrebasse et elle la clarinette, parfois c’est elle au contraire qui frappait la caisse claire du rythme et moi qui soufflait mes impros au sax ténor. Et bien entendu, cette complicité ne fut bientôt plus seulement musicale. Alix avait insisté pour que nous soyons plongés dans la pénombre. Seule la lueur de l’écran venait parfois l’illuminer, projetant sur son corps le reflet de ceux qui se mêlaient. Plus nous avancions dans les séances, plus nous plongions dans le mystère de l’autre, celui qui nous invitait à nous dévêtir de toute pudeur, à tresser des bribes de phrases crues ou caressantes. Les yeux dans les yeux, nous laissions cette formidable alchimie érotique s’accomplir, en prenant de plus en plus de libertés avec la scène assez triviale qui occupait l’écran.
Certains disaient que cette séquence, ils préféraient l’écouter les yeux fermés, en substituant leurs propres images à celles que nous étions censés doubler, et qui ne formaient à l’évidence plus pour nous qu’un simple prétexte. C’est pourtant bien les yeux grands ouverts que nous partagions le même dialogue brûlant, comme on partage un lit. Alix surveillait malgré tout ...
... l’écran, et tâchait au moins de synchroniser aux expressions de la fille les accidents sonores qu’elle attribuait à son orgasme, jamais les mêmes, mais tous émouvants.
L’écran s’éteignait, nous nous taisions, espérant que Momo s’abstiendrait quelques secondes encore de perturber ce moment rare et un peu cruel, tant je rêvais de vivre avec ma partenaire de doublage des extases bien plus concrètes. Il finissait par se manifester depuis la régie, et nous quittions alors l’apesanteur. Alix m’adressait un dernier regard chargé de désir, hésitait un instant, et puis se rhabillait aussitôt de son strict costume mental de productrice, me remerciant, me vouvoyant, me souhaitant une bonne semaine à venir, avant de me laisser seul dans le studio, chauffé à blanc, et désemparé.
⁂
Alix était-elle une allumeuse ? Je la retins par le bras à l’issue d’un enregistrement du mercredi, lui proposant de l’inviter à dîner un de ces soirs.
— Et pourquoi pas tout de suite ? me répondit-elle. Allons déjeuner !
Et c’est comme ça que nous avons rejoint la Seine, franchi la passerelle, et gagné l’île Saint-Germain, où elle avait réservé une table. Plus nous nous éloignions deCanaille, plus elle semblait se décrisper. Le repas fut léger, une planche d’antipasti, et les propos tout autant. Elle reçut un appel, je compris qu’il était privé, une voix d’homme. Elle bredouilla quelques mots à peine.« Oui. Qu’est-ce qu’il y a ? Non. Peut-être, je ne sais pas. Je te rappellerai. Je peux pas, là. Un ...