Fauteuils de cuir et peau de vache - Histoires de Sexe

Fauteuils de cuir et peau de vache

... Pour une fois, le cadeau du magasin avait été convenable ! J’ai revu Tania, debout sur le parking avec sa boîte en carton, tandis que je me tirais en voiture en la regardant dans le rétroviseur. Au moins avait-elle eu une compensation !

— C’est étonnant, ai-je avoué. C’est bien la première fois que cette bande de rapaces offrent quelque chose de convenable !
— Je les aime bien, mes nouvelles tasses.
— J’en suis ravi, franchement. J’ai été tellement ignoble, de vous abandonner comme ça sur le parking, que vous aviez bien droit à une compensation.

Tania m’a regardé fixement, puis s’est penchée vers moi.

— Redites-moi ça ?
— Quoi ? Que vous aviez bien droit à une compensation ?
— Non. Ce que vous avez dit juste avant.
— Que j’ai été ignoble de vous abandonner sur le parking ?
— Oui.
— C’est vrai. J’ai été ignoble. Cette image me poursuit depuis dimanche. Je vous revois, toute seule, abandonnée sur le parking, avec votre petite boîte dans les bras, et je me dis que je me suis conduit comme un goujat. Je n’aurais pas dû vous planter là. Je le regrette. Je le regrette sincèrement. Me pardonnerez-vous jamais ?

Tania s’est levée et, sans hésiter, est venue s’asseoir sur mes genoux.

— Je vous pardonne maintenant, a-t-elle chuchoté en se penchant sur moi. Mais ne faites plus jamais ça.
— C’est promis. Et tout d’abord, je ne vous engueulerai plus jamais dans un magasin.

Elle a ri doucement, tout près de ma bouche.

— Mais si ! J’adore ça ! Si vous voulez on ...

... ira encore enquiquiner tous les marchands de meubles de la région. On fera des scènes de ménage et on raflera tous leurs cadeaux. Mais ne m’abandonnez plus en partant ! Plus jamais !
— Plus jamais ! ai-je promis.

Elle a regardé la porte d’entrée, par-dessus mon épaule.

— Vous croyez qu’il est parti ?
— C’est important ?
— Non, je m’en fous, maintenant.

Elle m’a souri de ses yeux noisette soulignés de petites taches de son, puis elle est venue plus près. Tout près.

Ses lèvres avaient vraiment bon goût.

Ma vie a complètement changé. Tania est dingue. Complètement et gentiment dingue. Sur le plan de la fantaisie et de la roublardise, elle ne craint personne. Notre maison, après dix ans de vie commune, est devenue une sorte de palais du gratuit, d’île au trésor du cadeau promotionnel. Moi qui m’amusais parfois, avec cynisme, à quitter un magasin sans rien acheter mais en emmenant sous le bras l’un ou l’autre gadget proposé gratuitement, j’ai découvert avec Tania l’art de profiter de toutes les opportunités de se faire haïr par le moindre boutiquier.

Tombolas, dégustations, échantillons… elle faisait feu de tout bois !

— C’est gratuit, disait-elle, autant en profiter, non ?

Il y a des gens qui n’aiment pas les bains de foule, qui préfèrent faire leurs courses aux heures creuses. Tania s’en foutait. Au contraire. Elle m’a appris à visiter les boutiques aux heures les plus propices. Celles où on déguste, où il y a des cadeaux à la clé.

Elle récoltait ...