1. Fauteuils de cuir et peau de vache


    Datte: 11/06/2018, Catégories: autostop, Humour coupfoudr, Auteur: Guust, Source: Revebebe

    ... l’ascenseur demeuraient obstinément ouvertes. J’ai entendu un bruit de clés derrière moi, puis Tania a dit :
    
    — Tu viens, mon chou ?
    
    Puis elle m’a entraîné dans son appartement et Mathieu a disparu momentanément de mon existence.
    
    — Merci d’avoir joué le jeu ! a dit Tania une fois la porte refermée.
    — Tout le plaisir était pour moi, ai-je répondu spontanément.
    
    J’étais encore sous le coup de l’émotion. Je sentais toujours le goût de ses lèvres, la caresse de son corps contre le mien… mais elle m’a regardé froidement.
    
    — Nous voilà quittes, à présent. Un service pour un service.
    — Un service pour un service ?
    — Vous m’avez rendu service en me débarrassant de cet encombrant voisin qui m’importune depuis plusieurs semaines ; et moi je vous ai rendu service en vous débarrassant d’une vendeuse trop persuasive. Nous sommes donc quittes, et vous pouvez rentrer chez vous.
    
    Elle avait une drôle de manière de faire les calculs, mais j’aurais eu tort de m’en plaindre, car le service que je venais de lui rendre ne m’avait rien coûté. Bien au contraire !
    
    Elle a ouvert à nouveau la porte pour me permettre de sortir, mais l’encombrant voisin avait quitté l’ascenseur et attendait dans le hall. Il y a eu un instant de flottement, puis Tania a lancé :
    
    — J’espère que vous n’écoutez pas aux portes, Mathieu ?
    
    L’autre a paru embarrassé, mais n’a pas bougé.
    
    — Non… bien sûr ! a-t-il bafouillé.
    — Tant mieux, parce que ça me déplairait ! Vous ai-je souhaité une bonne ...
    ... soirée ?
    — Heu… heu ! Oui ! Eh bien… à demain, n’est-ce pas ?
    — À demain, oui.
    
    Tania a refermé la porte, puis elle s’est esquivée dans son appartement, en accrochant au passage son manteau à une patère et en posant son sac sur une chaise. J’ai fait quelques pas pour la suivre, tandis qu’elle allumait les lumières et tirait les tentures.
    
    — Asseyez-vous quelques minutes, a-t-elle dit à voix basse.
    
    Je suis entré dans le living, mais ne me suis pas assis.
    
    — Vous croyez qu’il est toujours là ? ai-je demandé sur le même ton en désignant la porte d’entrée.
    — Il en est capable.
    
    J’avais toujours le bouquet de roses à la main.
    
    — Tenez, ai-je dit. Ces fleurs sont pour vous.
    — Merci, mais je n’en veux pas.
    — Je les ai achetées exprès pour vous.
    — Je n’en crois rien.
    
    J’ai soupiré.
    
    — Vous n’êtes pas obligée de le croire, et pourtant c’est l’exacte vérité. Depuis plusieurs jours j’essaie de vous parler, de vous présenter mes excuses. J’ai fini par découvrir où vous habitiez et je vous ai attendue ce soir avec mon bouquet. Ne vous voyant pas rentrer, je repartais quand vous avez surgi soudain… et… et voilà. Je suis sincèrement navré. Je me suis conduit comme un salaud, comme… comme un peau de vache.
    
    Je lui ai à nouveau tendu les fleurs.
    
    — Vous m’en voulez encore ?
    — Oui.
    — Tout est de ma faute. Vous aviez raison. Je n’avais pas besoin de salon. La vendeuse m’embobinait. Vous avez joué votre rôle à la perfection, et vous avez merveilleusement repris le mien au ...
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