1. Fauteuils de cuir et peau de vache


    Datte: 11/06/2018, Catégories: autostop, Humour coupfoudr, Auteur: Guust, Source: Revebebe

    ... non.
    
    J’ai encore joué le poireau pendant quelques minutes, puis, penaud, j’ai fait demi-tour et je suis retourné chez moi.
    
    J’ai reporté mes espoirs sur le jeudi : j’ai acheté un bouquet de roses et j’ai attendu dans le hall, mais elle n’est pas rentrée. Où restait-elle donc ? J’ai réfléchi - chose qui parfois m’arrivait - et je me suis dit qu’elle était peut-être en congé. Je n’avais même pas vérifié qu’elle se trouvait au bureau de poste ce jour-là !
    
    — Quel ballot ! me suis-je dit.
    
    Avec mon bouquet, j’ai quitté le hall et j’ai marché dans la rue en traînant les pieds, et c’est à ce moment-là que je l’ai vue. Elle s’avançait vers moi d’un pas vif, accompagnée d’un type que je n’avais jamais vu. Son mec ? Son mari ? Voilà encore une éventualité à laquelle je n’avais pas songé !
    
    Je me suis immobilisé, et je devais avoir l’air particulièrement con, planté là sur le trottoir, à quelques pas seulement de l’entrée de l’immeuble, le bouquet de fleurs à la main. Tania est arrivée devant moi d’un air décidé et à mon grand étonnement, m’a gratifié d’un sourire chaleureux !
    
    — Oh ! Des roses ! Comme c’est gentil ! s’est-elle exclamée avant de jeter les bras autour de mon cou et de me coller un gros bisou sur les lèvres.
    
    Le bouquet s’est un peu écrasé entre nous deux, sur le coup, mais Tania n’a pas eu l’air d’y prendre garde. Tout près de ma bouche, elle a rapidement murmuré :
    
    — Jouez le jeu, s’il vous plaît !
    
    Elle m’a encore offert deux petits bisous tout ...
    ... humides et frais, puis s’est détachée de moi et, me tenant par le bras, s’est tournée vers l’autre type qui attendait, les bras ballants.
    
    — Joseph, voici Mathieu, un voisin.
    
    Le gars m’a fait un signe de tête, puis j’ai senti Tania qui tirait sur mon bras et m’entraînait vers l’immeuble. Nous sommes entrés en vitesse, elle a ouvert la seconde porte à l’aide de sa clé et je me suis rapidement retrouvé dans l’ascenseur, avec elle et le prénommé Mathieu. En poussant sur les boutons, Tania a déclamé, d’une voix chantante :
    
    — Le trois pour nous… et le cinq pour Mathieu !
    
    La cabine a grimpé doucement, avec Tania qui se serrait contre moi, et moi qui baissais la tête et enfouissais le nez dans ses cheveux pour ne pas regarder l’autre mec, qui lui devait nous observer attentivement. J’avais encore sur les lèvres le goût des petits baisers que la jeune femme m’avait donnés, et je sentais son corps tout près du mien.
    
    J’ai fait des efforts pour empêcher mes mains de trembler, pendant que je lui entourais les épaules de mes bras. Quand l’ascenseur s’est ouvert automatiquement au troisième, nous avons accédé à un petit hall. Tania a poussé sur un bouton rétro-éclairé et la lumière, commandée par une minuterie, a inondé la petite pièce.
    
    — Bonne soirée ! a dit Tania à Mathieu.
    — À demain… a grommelé Mathieu.
    
    J’ai regardé dans sa direction et j’ai remarqué qu’il m’observait sans sourire. Je lui ai quand même fait un signe de tête, tandis que les portes coulissantes de ...
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