Fauteuils de cuir et peau de vache
Datte: 11/06/2018,
Catégories:
autostop,
Humour
coupfoudr,
Auteur: Guust, Source: Revebebe
... gêné.
— Bonjour, m’a-t-elle dit.
— Bonjour, je…
Mais ça coinçait. J’avais la gorge serrée. J’ai quand même réussi à bafouiller quelques mots d’excuse.
— Je suis désolé, vraiment. Je vous prie de m’excuser. Je… je n’aurais pas dû…
— Vous désirez quelque chose, monsieur ? m’a-t-elle interrompu.
Elle faisait mine de ne pas me connaître. Je ne savais que dire, que faire. J’ai acheté quelques timbres, en la regardant piteusement, mais elle a à peine levé les yeux sur moi. Polie, mais distante. Professionnelle derrière l’hygiaphone. C’était inutile d’insister, alors je suis sorti et je suis retourné à la bibliothèque.
En fin de journée, je me suis précipité au pas de course vers le bureau de poste, espérant la retrouver au moment où elle sortirait. Elle a effectivement franchi la porte, mais elle était accompagnée de deux collègues, ne m’a même pas regardé, et s’est dirigée avec eux vers l’arrêt du bus.
J’ai hésité, puis j’ai fait demi-tour, j’ai regagné ma voiture et suis rentré chez moi. Je n’avais envie de rien, besoin de rien. Je faisais les cent pas, m’asseyais d’un côté, m’effondrais de l’autre. Pourquoi étais-je tenaillé à ce point par les remords ? Je m’étais conduit comme un goujat, j’avais été ignoble, et je ne trouvais pas le moyen de réparer cette bévue.
Le lendemain, j’ai laissé la voiture devant la maison, et j’ai pris le bus pour me rendre au centre-ville. J’espérais que Tania l’emprunterait également, mais plusieurs lignes différentes ...
... passaient à proximité, et j’ignorais laquelle lui permettait de relier son domicile à son lieu de travail. Ce n’était pas grave, finalement. Je comptais recueillir de meilleures informations en fin de journée, quand elle quitterait le bureau de poste.
Une nouvelle fois, je me suis précipité en sortant de la bibliothèque, mais Tania ne s’est pas rendue à l’arrêt d’autobus. Je l’ai vue de loin qui déambulait dans une rue commerçante, accompagnée d’une collègue, et qui entrait dans une boutique, en sortait pour entrer dans une autre… J’ai réalisé que ma méthode était complètement pourrie, et je suis rentré chez moi par les transports en commun.
Le mercredi soir, j’ai attendu qu’elle quitte son lieu de travail, et cette fois je l’ai vue grimper dans le bus. Quelques minutes plus tard, après avoir récupéré ma voiture, j’ai entamé la filature, et j’ai ainsi pu découvrir quel quartier elle habitait, non loin de mon domicile. Lorsqu’elle a marché jusque chez elle, je l’ai suivie discrètement, à pied, et quand la porte s’est refermée, je me suis retrouvé tout con dehors, parce que c’était un immeuble à appartements et que je n’avais pas de clé pour entrer au-delà du hall et des boîtes aux lettres. J’ai regardé les noms, mais aucune étiquette n’était marquée d’un « Tania Machin » ou d’un « T. Quelque chose ».
Une dame est entrée dans le hall, et je lui ai demandé gentiment si elle connaissait une jeune femme s’appelant Tania.
— Tania ? m’a-t-elle répondu. Ça ne me dit rien, ...