Fauteuils de cuir et peau de vache
Datte: 11/06/2018,
Catégories:
autostop,
Humour
coupfoudr,
Auteur: Guust, Source: Revebebe
... C’est pas la peine de faire de l’esclandre, tout le monde te regarde.
Elle s’est tournée vers l’hôtesse, au moment où deux membres du personnel faisaient gentiment s’écarter les quelques curieux pour s’approcher de nous.
— Si mademoiselle veut bien nous remettre notre cadeau… a jeté sournoisement ma fausse compagne.
On nous a priés de sortir, après avoir fourré dans les mains de Tania une petite boîte en carton, et nous nous sommes retrouvés sur le parking, à nous engueuler.
— Pour qui vous prenez-vous ? Je fais ce que je veux de mon fric, et vous n’avez rien à dire. Vous n’êtes pas ma femme, bordel !
Tania m’a regardé, l’air étonné.
— Cette beauté était occupée à vous embobiner, oui ! Je vous ai empêché de faire une grosse bêtise !
— Ce ne sont pas vos affaires !
— Non, mais ! On croit rêver !
Je marchais rageusement vers ma voiture, Tania me suivant à quelques mètres.
— Vous n’avez pas de leçon à me donner ! Je vous demande de faire l’enthousiaste, et vous faites exactement le contraire !
— J’ai préservé votre portefeuille, gros malin !
— Vous n’aviez pas à vous mêler de ça.
— Eh bien, retournez donc l’acheter, votre salon ! Endettez-vous jusqu’aux yeux ! Que voulez-vous que ça me fasse ?
J’ai ouvert la portière et je l’ai regardée en ricanant.
— Au moins, vous, vous êtes contente. Vous l’avez, votre cadeau à la con ! Allez, salut !
Je me suis assis dans la voiture, et au moment où j’allais fermer la portière, je l’ai entendue ...
... gueuler :
— Vous n’êtes qu’une sale peau de vache !
Je me suis enfermé et j’ai lancé le moteur, puis j’ai démarré et j’ai vu sa fine silhouette qui s’amenuisait dans mon rétroviseur. Elle avait l’air complètement idiot, plantée là avec son carton sur les bras, et je me suis dit que c’était bien fait pour elle, et qu’elle n’avait qu’à rentrer à pied ou se trouver un autre couillon que moi pour la prendre en stop !
Le remords m’a assailli lorsque je suis rentré chez moi, lorsque j’ai revu mon salon - en tissu - même pas abîmé, même pas usé, même pas sale. Je n’avais vraiment pas besoin de le remplacer. Même si la vendeuse était foutrement bien faite. Tania avait raison : elle m’avait empêché de faire une grosse connerie.
J’étouffais, à l’intérieur de la maison, alors je suis sorti et j’ai marché, en essayant de ne penser à rien, mais lorsqu’on marche, on pense à toutes sortes de choses. Je ne savais même pas où elle habitait. Je ne connaissais même pas son nom. Juste son prénom : Tania. Et encore fallait-il qu’elle m’eût donné le vrai. Je me suis traité d’imbécile, de sombre crétin, d’idiot congénital.
Et puis j’ai songé que je connaissais au moins son lieu de travail, et que je pourrais aller la trouver, lui dire quelques mots, lui présenter mes excuses.
Le lendemain, je me suis rendu au bureau de poste, et je l’ai vue derrière son guichet. J’ai laissé passer plusieurs personnes jusqu’à ce qu’elle soit disponible, et je me suis trouvé devant elle, complètement ...