Fauteuils de cuir et peau de vache - Histoires de Sexe

Fauteuils de cuir et peau de vache

... est exCEPtionnel !
— Demain, ce sera trop tard ?
— Hélas !

Véronique a récupéré le papier.

— Vous pourriez, par exemple, passer commande aujourd’hui, mais vous décider pour une livraison dans quelques mois seulement, si cela vous convient mieux. Nous vous demandons seulement un petit acompte lors de la commande, et vous payez le solde lors de la livraison, ou même en mensualités, à votre rythme ! D’ailleurs, moi, à votre place…

Elle s’est penchée vers moi, et j’ai de nouveau perçu son parfum gourmand, pendant que mes yeux papillonnaient dans l’échancrure de son chemisier.

— … je demanderais un paiement en dix mensualités plutôt qu’un paiement cash, a-t-elle chuchoté. Parce que vous pouvez le faire absolument sans frais !
— Sans frais ? ai-je dit.
— Ab-so-lu-ment ! a approuvé l’hôtesse, avec un incroyable pétillement dans les yeux. Alors ?
— Alors ?

Elle a sorti une liasse de feuillets autocopiants de sa farde, et a commencé à écrire.

— Prévoyons, par exemple, une livraison en décembre. Disons… pour la mi-décembre, comme ça vous l’aurez pour les fêtes. Vous aimez ce coloris, n’est-ce pas ?
— Non, a dit Tania.
— Il est bien, je trouve.
— Non, m’a-t-elle contrarié.

Veronique a levé le nez.

— Madame préfère sans doute une autre teinte. Mieux assortie à votre intérieur, peut-être ?
— Aucune teinte, non, a dit Tania.
— J’aime bien celle-ci, moi, ai-je dit.
— On n’a pas plus les moyens maintenant que tout à l’heure, chéri !
— Oui, mais à ce ...

... prix…
— Pas question ! s’est entêtée Tania.

La vendeuse a cessé d’écrire, elle me regardait, l’air un peu déçu.

— Mais enfin, chérie, ai-je dit en regardant Véronique.
— Tu ne vas quand même pas acheter ce salon ! a insisté Tania.
— Et pourquoi pas ?
— Tu te laisses embobiner !
— Pas du tout ! C’est une excellente affaire !
— Mais je n’en veux pas, moi !
— Non, mais ça alors ! C’est toi qui le choisis, et…
— D’ailleurs, tu finis ton verre et on s’en va, a-t-elle ajouté en se levant.
— Mais…

Elle commençait à me gonfler !

— Mais… Ce ne sont pas tes affaires, après tout ! Je fais ce que je veux de mon fric, non ?
— Ton fric ? Ton fric ? Et la communauté des biens, t’en fais quoi ? Il est hors de question que tu dilapides l’argent du ménage, tu m’entends ?

Tania commençait à élever la voix. Nous nous sommes retrouvés debout tous les trois, et j’ai pris l’hôtesse à témoin.

— Mais pour qui elle se prend ? Et si je veux, moi ?

La vendeuse m’a regardé d’un air dépité. Tania s’est vraiment fâchée, et les clients ont commencé à nous regarder.

— Pour qui je me prends ? Non, mais, dis donc ! Je ne te permets pas, hein !
— Ah ! Mais ! Ça suffit, oui ? Je fais ce que je veux, et puis merde !
— Eh bien merde aussi ! Ce n’est pas la peine d’être malpoli.
— Et déjà, t’es même pas ma femme !
— La belle affaire ! Comme s’il était besoin de se marier pour vivre ensemble !

Je suffoquais.

— Quoi ? Quoi ? Tous les toupets !
— Allez, on s’en va, maintenant. ...