1. Michelle


    Datte: 25/03/2021, Catégories: portrait, Humour Auteur: Jean de Sordon, Source: Revebebe

    ... comment résister à la tentation de lier ce meurtre à la politique ? Le fonctionnaire en savait trop sur certaines affaires et avait manifesté l’intention de livrer à la presse ses souvenirs non expurgés.
    
    Allez savoir la vérité… La polémique occupe un temps les médias, mais l’enquête n’apporte aucune réponse claire. Mais Francine veut savoir. Elle prend secrètement contact avec les autonomistes et obtient une vérité. « LA » vérité ? Les commanditaires du meurtre sont, seraient bien les amis politiques du fonctionnaire.
    
    Du haut de ses vingt ans, Francine possède une force de caractère peu commune. Elle a juré de venger son père. Grâce à des complicités bien placées, elle rencontre les hommes dont elle veut la perte, les séduit, les ensorcelle. À deux reprises au moins, elle obtiendra assez d’armes contre eux pour exercer un puissant chantage et pousser ses amants au suicide.
    
    Son œuvre de justice achevée, elle pense reprendre le cours de sa vie, mais elle a trop décidément pris goût à l’action clandestine et à l’argent facile. Avec une poignée d’amis, elle entreprend de bâtir de nouveaux chantages. En deux ans, elle et sa bande vont pressurer plusieurs hauts fonctionnaires et politiciens. Une technique très bien rodée : leur victime choisie, ils se livrent à un patient, un minutieux travail d’enquête. Ils recherchent les faiblesses, les failles de leur victime : alcoolisme, infidélité, goût du jeu, vice… À noter que Francine termine toujours son « travail » en tuant ...
    ... socialement sa victime par la révélation publique de détails personnels qui le plus souvent acculeront le malheureux au suicide. La police la surnomme « l’Araignée ».
    
    En 1981, « l’Araignée » publie ce qu’elle baptise ses « souvenirs de guerre ».
    
    Jean-Marie Aroué, lui-même catalogué par la France bien pensante comme « écrivain scandaleux », a accepté avec enthousiasme de devenir l’officieux agent de Francine Villon. Ce diable d’homme ne connaît pas les demi-mesures, il aime ou déteste toujours avec passion.
    
    Michelle aussi. L’âme secrète mais volcanique du petit renard abrite une fascination intense pour le sulfureux personnage de « l’Araignée »
    
    Par l’intermédiaire de Jean-Marie, Francine nous fixe un rendez-vous au fond du fond de sa Bretagne natale.
    
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    Lorsque je coupe le moteur, il me semble entendre gueuler ou chanter quelque chose derrière les arbres. Les maisons, ce sont les dernières, dorment, glacées comme des paquets d’algues. Nous descendons le chemin dans l’obscurité. La bande de braillards entendue un instant avant nous croise. Ils se tiennent par la main ou le bras, chaloupent comme des marins ivres. Les amis de Francine. Ils viennent de Tunisie, ses hommes, et l’appellent « patronne ». J’aimerai passionnément leur amitié, leur jeunesse chahuteuse, leur chaleur de coude à coude.
    
    Francine, enfin. Elle m’arrive au menton. Quand elle a levé la tête, j’ai vu qu’elle avait une frange sur le front, des cheveux sur les ...
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