1. Harmonie du soir


    Datte: 07/05/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... attentivement. Elle soutint son regard.
    
    — Pourquoi as-tu vidé cette bouteille de liqueur, Liana ? demanda-t-il doucement.
    
    Cette fois, elle ne s’offusqua pas du tutoiement. Elle se contenta de l’observer d’un air énigmatique. Tomaze hésita, puis finit par poser sa main sur le front de la jeune femme, dans une caresse maladroite. Il était brûlant.
    
    — Il fait trop chaud ici, dit-elle alors, d’une petite voix. Il faut… ouvrir la fenêtre…
    
    Il hésita, puis finit par se lever, et ouvrir la fenêtre sur l’air frais et calme de la nuit. Pas un moteur de voiture, pas un éclat de voix. Seuls le bruit du vent dans les feuillages, le chant des grillons dans les hautes herbes de la cour. Tomaze écouta un instant la sérénité de la nuit, avant de retourner s’asseoir auprès de Liana. Elle n’avait pas bougé. Ses yeux gris veinés de rouge le fixaient, impénétrables. À quoi diable pensait-elle ?
    
    — Liana, pourquoi ? insista-t-il.
    
    Elle détourna enfin les yeux.
    
    — Je ne sais pas, répondit-elle d’une toute petite voix. Je ne sais vraiment pas. Je veux que vous partiez maintenant.
    — Je n’ai pas envie de partir, Liana. Je veux qu’on discute, tous les deux. J’en ai assez de devoir toujours me battre contre toi. Ne peux-tu pas me dire pourquoi tu ne voulais plus de moi ?
    
    Mais Liana eut un sourire triste.
    
    — Si seulement j’avais cessé de le vouloir… avoua-t-elle avec douceur.
    
    Apparemment, l’alcool lui rendait les aveux plus faciles. Il respira profondément, puis la regarda ...
    ... avec intensité. Ses yeux brillaient d’une émotion indéfinissable.
    
    — Que s’est-il passé, Liana ?
    — Je ne peux pas te le dire. Oh, Tomaze…
    
    Soudain, elle avait fondu en larmes. Il la laissa sangloter, tout en caressant doucement ses cheveux. Il ne la toucha pas d’une autre manière. Elle avait enfoncé son visage dans la couette. Elle pleura longtemps. Tomaze se sentait gêné, mais ému par un tel élan de désespoir. Il aurait tellement voulu l’aider, mais par quel moyen ? Il ne savait même pas pourquoi elle pleurait. Ça ne pouvait pas être seulement à cause de cette rupture, c’était incohérent. Il y avait autre chose.
    
    Autre chose…
    
    — Liana, écoute… murmura-t-il à son oreille. Je ne sais pas qui t’a fait du mal, mais si je pouvais t’aider à surmonter cette mauvaise passe, je le ferais… Moi aussi, tu sais, j’ai vécu pas mal de mauvaises expériences… j’ai fait des choses que je regrette encore aujourd’hui, des choses dont je ne me sens pas fier… j’ai souffert, et je souffrirai encore, mais écoute-moi… tu dois arrêter de croire que tout le monde est ligué contre toi… tu as encore beaucoup de chemin à parcourir…
    
    Les sanglots redoublèrent.
    
    — Mon… che-min… ne mène… nu-ulle part… balbutia Liana.
    
    Tomaze marqua une pause, puis continua en élevant la voix :
    
    — Bien sûr que si. Chaque vie a sa route, et tu suivras la tienne. Mais en attendant, tu dois te remettre de tes souffrances. Et il faut me parler. Je ne suis pas ton ennemi, Liana… tu dois me dire ce qui s’est passé, ...
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