Harmonie du soir - Histoires de Sexe

Harmonie du soir

... coup…

Et c’était bien de sa faute, comme d’habitude par ailleurs. Si Julien apprenait qu’ilavait eu le journal, et qu’il l’avaitvolontairement rendu, il le massacrerait.

Au milieu de toutes ces pensées désordonnées surnageait une bien piteuse révélation : lorsque Liana l’avait embrassé, ce n’était paslui qu’elle embrassait. Comment n’avait-il pas remarqué plus tôt qu’elle pensait constamment à quelqu’un d’autre ? Lorsqu’elle lui parlait, lorsqu’elle lui souriait, lorsqu’elle pleurait, lorsqu’elle l’abreuvait de sa rage, lorsqu’elle regardait dans le vide. Lorsqu’elle riait, lorsqu’elle fermait les yeux, lorsqu’elle peignait, lorsqu’elle dormait.

Lorsqu’elle l’embrassait.

Ses jours étaient peuplés de fantômes qui se dressaient sans cesse entre elle et Tomaze. Et parce qu’il est plus doux de croire en des chimères, ces ombres finiraient par devenir un obstacle infranchissable. Tomaze n’aurait plus qu’à déguerpir de sa vie, comme il avait déguerpi de son studio.

Et Tomaze ne pouvait rien y faire. Liana pensait à quelqu’un d’autre, Liana souffrait et aimait pour quelqu’un d’autre. Elle n’était pas seule avec ...

... elle-même, le passé hantait toujours le moindre de ses pas. Et même en retournant le problème sous toutes ses coutures, il n’y aurait pas d’autre solution pour lui que de s’incliner : comment combattre un être qui n’avait d’existence que dans la tête de quelqu’un ? Un être plus jeune, plus beau, un être mille fois mieux que lui…

En plus de ça, elle lui avait dit qu’il lui foutait la trouille… mauvais, ça. Très mauvais.

Elle ne voulait plus de lui dans sa vie.

Pourquoi ne pas être raisonnable, et admettre qu’elle avait parfaitement raison ? Il ne pouvait pas se permettre de croire qu’il pourrait veiller sur elle, puisque c’est lui qui lui avait apporté ces désagréments ! C’était par lui que les problèmes s’étaient attachés à sa vie, et ce serait par lui qu’ils s’en détacheraient. Pourquoi fuir l’évidence plus longtemps ?

Elle ne voulait pas de lui, plus du tout, plus jamais.

Plus jamais de baiser.

Et plus jamais de rêve idiot, celui qui berçait involontairement ses longues nuits d’insomnie ; celui de pouvoir se racheter.

Pas de seconde chance pour lui. Sans doute l’avait-il laissé échapper depuis bien longtemps…