1. Harmonie du soir


    Datte: 07/05/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... et qui l’avaient aidée, malgré tout… et elle sentait encore la douceur de sa main sur son bras, les rares fois où il l’avait touchée. Cela ressemblait plus à un effleurement qu’à un véritable contact, mais elle frémissait toujours au souvenir de ces secondes de complicité…
    
    Le contact définitif aurait pu se faire, oui, ils auraient pu se rapprocher, tous les deux, si seulement…
    
    Une nouvelle fois, elle se surprit à secouer la tête, mais avec beaucoup plus de véhémence. Son cœur était rempli de contrition et de perplexité : pourquoi se soucier d’un homme pour lequel elle n’était rien ? Elle avait l’habitude de passer pour transparente aux yeux des autres, alors pourquoi en souffrir encore une fois ? Et puis, c’était sa faute. Indirectement bien sûr, car sans la pression de Charles… mais ma foi, c’était tout de même sa faute.
    
    Elle songea soudain à ses travaux restés chez Tomaze : elle ne pourrait pas les récupérer facilement tant qu’elle avait ce bandage autour du bras. Il ne devait se douter de rien…
    
    Et puis elle ignorait s’il était de retour ; il y a une semaine, lorsqu’elle avait eu le courage de se rendre jusqu’à son bureau pour lui réclamer son dû, bien emmitouflée dans une veste de sport (il faisait plutôt frais ce jour-là, fort heureusement), il n’y avait personne là bas…
    
    Elle reprenait enfin son travail quand trois coups frappés à la porte de son studio la firent sursauter ; le pinceau s’écrasa violemment sur la toile, et gâcha plus qu’il n’arrangea la ...
    ... bouche peinte, soudain couverte de rouge.
    
    « Merde ! » jura-t-elle dans sa tête, avec mauvaise humeur.
    
    Rapidement, elle se leva, et tourna le chevalet face contre le mur, de manière à ce que personne ne puisse voir l’ébauche de sa toile. Puis elle s’essuya les mains sur son tablier, et se dirigea vers l’entrée.
    
    — Qui est-ce ? demanda-t-elle, immobile devant la porte.
    
    Il n’y eut d’autre réponse que trois coups semblables contre le panneau de bois. Liana avait la main sur la poignée, mais son cœur s’accéléra inexplicablement. Sans pouvoir se l’expliquer, elle savait, ellesentait que ça ne pouvait être quelui. Elle ne pouvait donc pas ouvrir…
    
    Elle laissa s’espacer un long silence, se mortifiant d’avoir élevé la voix. Maintenant, il savait qu’elle était là. Et il ne repartirait pas.
    
    — Liana ? appela une voix hésitante.
    
    Elle ne répondit pas. «Pitié, pensa-t-elle,faites qu’il s’en aille ! ».
    
    — Liana, je sais que tu es là, continua doucement la voix.
    
    Liana tressaillit en remarquant le brusque tutoiement à son encontre. Elle posa son front contre le chambranle, la respiration haletante comme si elle avait couru un marathon.
    
    — Je dois te parler, Liana… je t’en prie… insista-t-il.
    
    Mais elle garda le silence. De longues minutes s’écoulèrent avant qu’elle ne devine que lui aussi se tenait là, juste derrière la porte, peut-être l’oreille collée contre le panneau, comme elle à cet instant. Des larmes lui montèrent aux yeux, et elle les refoula avec rage. À bas ...
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