Philosophie du plaisir (1) : Epicure
Datte: 24/04/2018,
Catégories:
A dormir debout,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... la philosophie, qui agrémentaient le séjour des Amis dans le Jardin d’Epicure? Heureuse époque, sans culpabilité, sans honte et sans hypocrisie!
Le plaisir de la chair est « un bien » en tant qu'il répond à l'appel de la nature : ne pas avoir faim, ne pas avoir froid ou soif, ne pas souffrir de privation sexuelle. Lucrèce déclarera crûment que " »e premier vase venu » suffira à soulager les affres de Vénus : venus vulgivaga. Non, le mal ne vient pas de la chair, mais de l'attachement à la chair, de la passion amoureuse, de la dépendance. Aristippe de Cyrène, après Diogène le Chien, résume bien la situation : « Le mal n'est pas de se rendre au bordel, mais de ne pas en sortir ». »
LE SEXE SELON LUCRECE
Le poète et philosophe Lucrèce (né vers -94 et mort en -55), grand continuateur d’Epicure, a explicité la pensée d’Epicure, dans son célèbre poème « De la nature ». Pour lui, les satisfactions sexuelles sont légitimes.
Ses réflexions sur le désir sexuel et sur le plaisir qu'il procure s'inscrivent dans la quête épicurienne de l'ataraxie (l'absence de trouble), de la «tranquillité de l'âme». Le désir sexuel, dans la mesure où il peut causer de grandes perturbations, fait ainsi l'objet d'une attention particulière.
Qu’écrit Lucrèce ? D’abord ceci : " Mieux vaut jeter dans le premier corps venu la liqueur amassée en nous, plutôt que de la garder pour un unique amour, ce qui nous vouerait à l’angoisse et à la souffrance. " Qu’on n’y voie pas trop vite je ne sais ...
... quel machisme archaïque : le plaisir sexuel, pour Lucrèce, peut et doit être partagé. Les épicuriens n’étaient ni misogynes ni phallocrates. Mais ils étaient contre l’amour : ils appréciaient trop le plaisir et l’amitié pour ne pas se méfier de la passion. Toute jouissance est un bien. Toute souffrance est un mal. Et qui peut aimer sans souffrir ? Le plaisir est " plus pur ", explique Lucrèce, quand on garde la tête froide. Et de vanter la " Vénus vagabonde ", contre la passion sédentaire ou monogame… La liberté sexuelle, au moins en paroles, ne date pas d’aujourd’hui.
La passion amoureuse est particulièrement aliénante : plus nous la possédons, plus elle allume en nous l'affreux désir de posséder », alors que « lorsque la nourriture, la boisson, pénètrent en nous ....le désir de boire et de manger est facilement comblé ».
Au contraire, la passion amoureuse est insatiable. Ecoutons Lucrèce : « Quand corps à corps, ils goûtent la fleur de leur âge, quand déjà le corps devine sa jouissance, et que Vénus est sur le point d'ensemencer le champ de la femme, ils lient avidement leur corps, ils joignent les salives de leurs bouches, et ils impriment leurs dents pour mêler leurs souffles, mais c'est inutile : ils ne peuvent rien détacher l'un de l'autre ni se pénétrer, ni aller avec tout leur corps dans le corps de l'autre ...Quand le désir accumulé dans les nerfs a fait son éruption, il se produit une courte pause dans l'ardeur dévorante, un laps de temps, puis la même rage ...