1. Mon patron, cet abruti (5 / 7)


    Datte: 07/09/2020, Catégories: vidéox, nonéro, policier, Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... !
    
    — Cheryl ! C’est moi et lui, n’est-ce pas ? C’est ça qui se trouve sur les clés ! Je me trompe ?
    — Pardonne-moi, geint ma collègue, juste au moment où je me lève.
    — C’est toi qui m’as expédiée là ? dis-je en haussant le ton.
    — Marielle… pleurniche-t-elle.
    
    Mais je ne l’écoute plus. Une bouffée de rage me monte à la gorge.
    
    — Alors, tu m’as expédiée exprès dans ce foutu grenier dans l’espoir que je passe à la casserole sous les caméras, c’est ça ? Mais c’est… c’est…
    
    J’ai parlé à voix haute, tant j’ai senti la colère m’envahir, mais la vue de Cheryl qui sanglote, effondrée sur le divan miteux, la tête enfouie dans les mains, fait se briser quelque chose en moi, et je ravale le flot d’injures qui se préparait à jaillir spontanément. Ce qu’elle a fait est dégueulasse, mais je ne peux soudain m’empêcher de me mettre à sa place… Elle souffre depuis des mois, et tente probablement de se venger. Être l’instrument d’une vengeance me révolte, mais d’un autre côté le désarroi de ma collègue m’émeut.
    
    — Cheryl ! dis-je plus doucement en revenant près d’elle.
    
    Elle reste silencieuse, je l’entends qui renifle.
    
    — Cheryl, répété-je en m’asseyant et en entourant ses épaules de mon bras. Écoute-moi…
    — Laisse-moi !
    — Non ! dis-je avec force. Tu me dois des explications. Je les veux.
    — À quoi bon ?
    
    Ma collègue essaie de parler, mais sa voix est noyée de sanglots. Une idée m’est venue, il faut que je sache.
    
    — Sur les images, on voit que c’est lui ?
    — Oui, ...
    ... arrive-t-elle à répondre.
    — Mais alors… ces deux clés… pour Darville, c’est une bombe à retardement !
    — Oui.
    — C’est pour ça qu’il est aux abois, le salaud ! Il faut qu’on les récupère avant lui !
    
    L’eurasienne lève enfin les yeux vers moi.
    
    — Il faudrait d’abord sortir d’ici, tu ne crois pas ? Et c’est pas par là qu’on va passer !
    
    Elle désigne le soupirail, bête petite ouverture grillagée, tout en hauteur, par laquelle un chat ne passerait même pas.
    
    — C’est fou, tout ça, dis-je. Tu me fais engager chez Darville rien que pour que j’aille dans le grenier et…
    — Mais non ! intervient Cheryl. J’étais sincère quand je t’ai dit que tu étais la meilleure des candidates ; et c’est parce que j’ai échappé à Demarche pour les entretiens d’embauche que tu as pu être engagée. Kelly Darville ne veut pas de blondes, elle sait que son homme les adore, surtout celles dans ton genre.
    — J’ai remarqué, oui.
    — Elle a une grosse influence dans l’entreprise, même si elle n’y travaille pas, parce qu’elle y a mis beaucoup de fric. Bien plus sans doute que Darville lui-même, alors elle fait un peu la loi, surtout que Demarche lui sert de relais. En te faisant engager, j’ai juste pensé que c’était une bonne occasion de les emmerder un peu. C’est après, quand j’ai vu que cet abruti flashait vraiment sur toi, que j’ai pensé que…
    — Et tu m’as envoyée dans ce grenier.
    — Mais non ! C’est lui.
    — C’est lui ? C’est lui qui…
    — Oui. Il s’est arrangé pour te faire parvenir une clé et t’envoyer là-bas. ...