1. Mon patron, cet abruti (5 / 7)


    Datte: 07/09/2020, Catégories: vidéox, nonéro, policier, Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... pas dit, pour les clés. J’ai dit qu’on les avait envoyées à ton adresse.
    — Pourquoi ?
    
    Elle me regarde, l’air malheureux. Les coups reçus ont marqué son visage, elle semble désemparée, prête à fondre en larmes.
    
    — Ce sont des salauds, je n’ai pas confiance en eux, dis-je tout près d’elle. Darville t’a frappée plusieurs fois. C’est une crapule. J’ai bien vu qu’il y prenait un plaisir sadique.
    — Il s’est sûrement bien amusé à te montrer le… les…
    
    Elle suspend ses paroles.
    
    — Ce n’est rien, dis-je. Je ne te juge pas. Quoi que tu aies fait, il n’a pas de raison de détenir ces images et de t’embêter avec.
    — Je t’ai menti.
    — Qu’importe ! On ne va pas pleurer sur le lait répandu.
    — Pourquoi ne leur as-tu pas dit, pour les clés ? Ils t’auraient laissée partir.
    — Je n’en suis pas sûre. Je n’ai aucune confiance en Darville.
    — Et en moi ? Maintenant que…
    — La question n’est pas là.
    — Je te dois des explications.
    
    Nous nous asseyons l’une près de l’autre, au bord de l’infâme divan miteux. Nous parlons à voix basse, volontairement, pour être sûres de n’être pas entendues.
    
    — Avant tout, j’aimerais savoir quelque chose, dis-je. Le type, sur la vidéo, le type à qui tu… tu…
    
    Cheryl baisse la tête, mais garde le silence.
    
    — Le type, c’est… c’est Darville, n’est-ce pas ?
    
    Ma voix n’est plus qu’un murmure, tout près de sa joue. Cheryl sursaute et semble sincèrement étonnée.
    
    — Co… comment as-tu deviné ? Ne me dis pas que…
    — Que j’identifie un type rien qu’à son… ...
    ... quand même pas !
    
    Pourquoi pose-t-elle cette question ? Se douterait-elle que j’ai vu son patron complètement à poil ?
    
    — Ce que j’ai reconnu, dis-je doucement, ce n’est pas le sexe du comédien, c’est le décor. On en voit très peu, mais je me doute bien de l’endroit où ça a été filmé.
    
    Cheryl ne répond pas. Et soudain, un voile se déchire dans mon esprit englué. Si Cheryl a été filmée là-bas, alors… peut-être que moi aussi ! Sûrement, même !
    
    — Cheryl ! Ne me dis pas que cet abruti a des caméras planquées pour filmer discrètement ce qu’il fait dans son foutu petit salon clandestin !
    
    Cheryl hoche la tête. Elle ressemble à un chien triste. Elle sait tout ! Voilà pourquoi elle était prête à penser que je reconnaissais Darville rien qu’à ses attributs virils !
    
    — Et toi tu sais tout ça depuis longtemps, c’est ça ?
    — Que veux-tu que j’y fasse ? dit-elle avec une hargne à peine voilée. Il me tient depuis des mois avec ces foutues images. Si je parle, il menace de tout balancer sur le web, ou à des gens qui me connaissent. Alors, je prends patience et j’attends mon heure.
    — Pour lui piquer les images ? Mais c’est stupide ! Il en a sûrement des copies en plusieurs endroits, non ?
    
    Cheryl baisse une nouvelle fois la tête ; et brusquement, je comprends. Je comprends que sur les clés USB, il n’y a pas le film de Cheryl Lang taillant une pipe à un type, mais celui de Marielle Saintjean buvant le champagne avec le même type, puis se foutant les nichons à l’air devant lui ...