1. Mon patron, cet abruti (5 / 7)


    Datte: 07/09/2020, Catégories: vidéox, nonéro, policier, Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... Il avait fait comme ça avec moi, et puis il a changé la serrure. Il fait toujours comme ça.
    — Toujours ?
    
    Cheryl me regarde.
    
    — J’extrapole. Je ne sais pas s’il réussit souvent ce coup-là, ni s’il fait ça uniquement avec ses employées. Mais si c’est le cas, personne ne s’en vante, tu penses bien. Il amène aussi probablement des filles de l’extérieur. En général, il s’attarde le soir. Je crois qu’il fait des paris avec d’autres crétins dans son genre, et ils s’échangent les images, sans doute.
    — Et merde… Le salaud !
    — Tu l’as dit.
    — Mais… tu aurais pu me prévenir, non ?
    — Tu aurais fait ce que tu as fait ?
    — Non, pardi !
    
    Cheryl soupire.
    
    — Tu vois ! Je l’espionne depuis des mois. J’essaie de m’en sortir. J’ai une planque dans la maison, je le surveille quasi tous les soirs, et je sors en douce par la sortie de secours.
    — Quand tu m’as dit que tu partais et qu’on t’attendait, tu allais te planquer ?
    — Oui. Je m’attendais à ce qu’il te fasse le coup. Quand tu es revenue les mains vides de la docu, tu avais l’air franchement bizarre, alors j’ai pensé que c’était peut-être le moment. J’ai simulé mon départ, mais dès qu’il est monté, j’ai compris que ça y était, et je me suis glissée dans son bureau. C’était facile, la maison était quasi vide.
    — Alors, tu… tu ...
    ... as tout vu ?
    — Oui. Quand tu t’es taillée du grenier, j’ai tout chargé sur les clés USB et effacé les images des deux disques durs. Darville n’a pas compris tout de suite qu’il s’était fait pigeonner, alors il s’est rhabillé sans se presser. Il s’est pointé dans son bureau au moment où je partais avec les objets du délit, alors il est entré dans une rage folle, et il a lancé Devreux à mes trousses. À pied, c’était vraiment difficile ! J’ai failli le semer dans le bois.
    — Quelle histoire !
    — Celui-là, je me doutais bien qu’il était dans le coup, mais sans certitude. Et maintenant, je découvre qu’ils sont trois, et peut-être plus nombreux encore.
    — Un réseau ?
    — Si ça se trouve, mes photos circulent depuis longtemps et je n’en sais rien. Quand ils sont arrivés chez toi avec un flingue, j’ai réalisé que la situation était bien plus grave que je ne l’imaginais, mais c’était trop tard…
    — C’est crapuleux. Ton patron, c’est une fameuse ordure.
    
    Cheryl reste silencieuse quelques secondes, puis me regarde soudain avec intensité.
    
    — Mais en tout cas, je peux t’assurer une chose : tu le rends vraiment dingue, cet abruti. Il a complètement perdu les pédales. Jamais je n’aurais imaginé que quelqu’un arriverait à le faire marcher à quatre pattes, à poil et en faisant wouf wouf ! 
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