Marcel fait plaisir à Suzanne - Histoires de Sexe

Marcel fait plaisir à Suzanne

... first » allait ici et maintenant connaître son Waterloo. Non pas une morne plaine couverte de cadavres et de blessés, d’agonisants et de survivants, loin de là ! Ce serait ici une défaite personnelle qui prendrait la forme d’une gigantesque explosion des sens et des muscles et des organes mâles et du pouls et du souffle, une sorte de big bang à l’envers en fait. Dont il ne sortirait ni grandi ni fier. Mais triste, comme le chien après le coït, sûrement.

Il essaya de penser à des choses funèbres, histoire de refroidir un rien son instrument de plaisir, des enterrements, des tremblements de terre, des tsunamis, des têtes à claques de femmes ministres du gouvernement de son pays. Cependant, par le plus grand des hasards, une de ces têtes – et corps — de femmes « people » qui, d’ordinaire, lui titillait quelque peu l’imaginaire ainsi que d’autres cellules un rien plus matérielles de son être de chair, se profila soudain sur l’écran de sa mémoire à long terme. Et il dut s’avouer vaincu.

Il fut brusquement saisi par une vague indescriptible de vigueur surhumaine qui le souleva et l’enfonça au sein de cette mer houleuse sous lui et il hurla, lâchant une série indescriptible d’onomatopées qui auraient effrayé tout Neandertalien qu’il ...

... aurait eu le malheur de croiser à l’orée d’un chemin.

Sous lui, comme si le principe des vases communicants eût eu droit de cité ici et en ce moment, une contraction immense le souleva, le rabaissa, le souleva à nouveau, le fit retomber, tandis qu’une note aiguë d’une hauteur sidérale lui perça le tympan et qu’il sentit le vagin de la blonde se contracter et se dilater en une série interminable de spasmes amoureux qui n’en finirent pas de finir. Ce qui lui fit un tel effet sidérant qu’il resta de marbre à l’intérieur d’elle, ne perdant même pas un iota de son excitation extraordinaire, prêt, même, à remettre ça dès qu’elle se serait calmée, la donzelle. Un exploit peu banal qui ne lui était jamais arrivé de son existence d’homme mûr.

— Qu’as-tu Marcel ? Cela ne va pas ?

Il revint sur terre, pour ainsi dire. Il vit le visage de sa bien-aimée épouse Pascale, penché sur lui avec ce type de sollicitude qui lui était familier et qui formait l’un des éléments forts du ciment de leur couple.

Il secoua la tête.

— Ce n’est rien, un vilain rêve sans doute ! répondit-il d’un ton évasif.

Pestant de l’interruption brutale de cette belle aventure dans laquelle, foi de vieux bouc insatiable, il pensait ne pas avoir dit le mot de la fin.