Marcel fait plaisir à Suzanne - Histoires de Sexe

Marcel fait plaisir à Suzanne

... subissaient ses papilles gustatives, tout emplies de sucs, d’humeurs, de saveurs et d’essences attestant d’un passage – précoce – à une vitesse sexuelle supérieure chez sa partenaire, qu’il aurait dû consacrer plus d’énergie et d’efforts dans ce sens soit avec Pascale soit avec Suzanne. Et, se dit-il, une fois la forme de ce métier particulier de bouche retrouvée, peut-être bien reviendrait-il faire un petit tour du côté non pas de Guermantes comme chez Proust mais de ce coin isolé en banlieue de capitale européenne où on pouvait encore, pour un prix somme toute modique, conter fleurette à jeunesse bénévole. Et, se dit-il poursuivant ce monologue intérieur tandis que sa langue poursuivait, elle, ce dialogue avec la tendre donzelle, peut-être bien qu’il ne verrait plus Suzanne à l’avenir, parce que, à vrai dire, elle l’avait déçu par sa façon peu élégante de se faire enfourcher par ce mufle chauve et, crime de lèse-majesté, à y trouver autant de joie charnelle qui ne pouvait qu’être perverse.

Marcel jugea qu’il était grand temps de passer à l’étape suivante de la découverte de nouveaux espaces libertins et d’accouplements innovants, et il se mit en posture de mâle prêt à saillir sa jument. Néanmoins, conformément aux enseignements des missionnaires qui n’aimaient pas tellement ces saillies humaines de type canin ou équin, il la monta par conséquent par-devant, s’introduisant dans le secret de sa béance accueillante et amicale d’un naturel qui l’épata, lui qui était ...

... généralement gauche pour ce genre d’introduction humaine.

Et, d’emblée, il ressentit en lui et surtout au niveau de ce cerveau obnubilé par ce contentement érotique au point qu’il avait réduit son mode de fonctionnement ne générant plus ni pensées ni idées ni souvenirs ni remembrances ni, évidemment, rien de ce qui eut pu ressembler à un curriculum vitae, une sensation de fournaise intérieure. Un peu comme si cette énorme vague incandescente qu’il savait centrée sur son organe génital eût pu darder ses pulsions d’exaltation et de béatitude exacerbées vers le cœur de cette machine à forniquer qui lui animait les neurones et les synapses sans même qu’il sût comment ni pourquoi, ni, d’ailleurs, par quelle mystérieuse voie l’arrêter.

Il pensa très rapidement qu’il n’allait plus être capable de se retenir très longtemps. Parce que la douce égérie (une pensée lui était venue de lui dédier un poème, en catimini !) qu’il couvrait de sa force masculine indéniable et qu’il poussait dans ses derniers retranchements à en juger d’après le volume des sonorités âpres et fortes que sa bouche grand ouverte produisait sans discontinuer, l’excitait à un degré tel qu’il allait incessamment devoir lui accommoder les parois vaginales de ce magma bouillant qu’il savait tapi au fond de ce qui faisait de lui un homme, une bête sexuelle de sexe masculin.

Marcel avait toujours été partisan du « après vous, Madame, je vous en prie ! » mais en ce moment de dérive amoureuse, il crut bien que ce « ladies ...