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Isild n'est pas si loin
Datte: 23/03/2020, Catégories: nonéro, mélo, Auteur: Loïs, Source: Revebebe
... que je reste immobile. — Oui, juste un coup de fatigue. Je m’empresse de redémarrer. Un dernier tour au lac. Juste un dernier. Il fait beaucoup plus sombre que la dernière fois. Je ne distingue même plus les feuilles des chênes. Les abords sont déserts. Quel promeneur viendrait ici à la nuit tombée ? Je retrouve ce pont si familier. Ce soir, les lieux sont bien tristes. — J’étais sûr que tu serais ici. Dans l’ombre, je n’avais pas vu que Nicolas était là. — Si j’y suis venue, c’est pour être tranquille. À chacun de ses pas en ma direction, je recule sur le pont. Je voudrais juste être seule. — Laisse-moi t’expliquer, tu te trompes sur toute la ligne. Juliette est effondrée. — Tu es venu là pour me parler d’elle ? Vous êtes vraiment incroyables tous les deux. — Je vais t’expliquer. Attends ! Adossée à la rambarde, je ne peux pas partir. Si je bouge, je risque de tomber dans l’eau. Brusquement, il me prend dans ses bras et me serre contre lui. Sur nos lèvres se mêlent un baiser et mes larmes. — Regarde ! ...
... dit-il. Je reconnais de suite l’écrin de satin noir. J’entrevois enfin le contenu : un magnifique solitaire serti sur un anneau en or gris. — Épouse-moi. — Mais, et Juliette, je vous ai vus tous les deux avec l’écrin. — Évidemment, je lui montrais la bague, c’est ta meilleure amie, elle est au courant depuis un mois. Je te préparais une surprise. J’avais réservé une semaine pour nous deux au Mexique. Elle s’était arrangée avec ton patron pour te libérer ces jours-là. Elle s’est même servie du double des clés que tu lui as confiées pour faire ta valise et me l’apporter. Tout devait être parfait. On devait partir demain. Nos amis sont au courant, c’était un repas d’au revoir. Si tu n’avais pas tout embrouillé, je comptais faire ma demande là-bas. Je me retrouve avec l’envie de me cacher dans un coin. J’ai tout compris de travers et peut-être que j’ai tout gâché entre nous. — Partons. Notre vol part demain. — Oui, dis-je. Je garderai toujours une certaine tendresse pour ce pont sur le lac. Isild n’est pas si loin de moi…