Isild n'est pas si loin
Datte: 23/03/2020,
Catégories:
nonéro,
mélo,
Auteur: Loïs, Source: Revebebe
... chercher l’impossible, sinon je risque un moment de célibat prolongé. Un choc suivi d’un bruit de tôle froissée me tire de ma rêverie, j’ai oublié de regarder le feu. Le chauffeur de la Clio devant moi n’a pas oublié de s’arrêter, lui. Je farfouille dans la boîte à gants pour en sortir un constat, je vais sûrement avoir droit au couplet sur les femmes au volant alors que c’est mon premier souci.
Le chauffeur de la Clio tape à ma vitre.
— Vous allez bien ? Rien de cassé ?
Je me retrouve bêtement muette. Non seulement il n’est pas agressif, mais en plus il est charmant. Je dois encore être en train de rêvasser, il est exactement comme je le décrivais aux filles tout à l’heure. Réveille-toi Alexandrine, tu fantasmes là ?
— Vous êtes sûre que tout va bien, vous êtes toute pâle…
— Euh oui, juste le choc, ça m’a un peu secoué.
Derrière nous, les voitures klaxonnent. C’est vrai qu’on bouche la rue. Nous convenons, mon charmant chauffeur et moi, de nous garer sur le bas-côté afin de remplir le constat ; mon assureur va râler.
— Nicolas Devauchelle.
Je le regarde bêtement jusqu’à ce que je comprenne en voyant sa main tendue.
— Alexandrine Berthier.
— Puisque les présentations sont faites, on peut passer au constat ?
— Oui, bien sûr.
Tâche rapidement effectuée, en relisant je m’aperçois que je n’ai pas l’air tellement en tort, ce qui n’est pas tout à fait vrai. Je lui en fais la remarque.
— Ma voiture n’a rien et votre pare-chocs est à peine éraflé, ...
... je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en faire tout un problème. Si vous voulez, je peux vous conseiller un excellent carrossier, à deux pas d’ici ; il nous dira ce qu’il en pense.
Non seulement il est très beau, mais en plus adorable, et il ne me fait pas une attaque pour sa précieuse voiture. Je décide de ne pas le laisser filer comme ça.
— Aïe, je crois que je viens de me tordre la cheville sur la grille. Quelle idée ! Me voilà bien ennuyée maintenant, je ne vais jamais pouvoir conduire.
— Si vous voulez, je peux vous déposer à la clinique, votre voiture est bien garée elle ne risque rien.
La pluie. Manquait plus que ça. Je me secoue, il est temps que je rentre. Me voilà à me remémorer notre première prise de contact, on en est si loin à présent. Il va me falloir marcher plus vite si je ne veux pas arriver à la maison trempée !
Je referme la porte et enlève vite mes vêtements humides. Une douche me fera le plus grand bien. L’image que me renvoie le miroir de la salle de bains n’est pas très brillante : mes cheveux sont trempés et en bataille, je les détache. De longues mèches brunes viennent encadrer mon visage. La pâleur domine mes traits, malgré mon teint mat et mes yeux noisette, mais rougis par les larmes. J’ai vraiment piètre allure. L’eau chaude me ravive un peu. Je me savonne vigoureusement comme pour chasser toute trace de lassitude en moi. Un grand T-shirt et me voilà prête à aller dormir. D’un sommeil que j’espère sans rêve.
La lumière orangée ...