Isild n'est pas si loin
Datte: 23/03/2020,
Catégories:
nonéro,
mélo,
Auteur: Loïs, Source: Revebebe
... rapide bonjour général pour m’éviter un tour de table d’embrassades. Le repas est vraiment délicieux et le vin réchauffe l’atmosphère. Au moment de m’asseoir, j’ai pu compter sur la vivacité d’esprit de la maîtresse de maison, ce qui m’a permis d’éviter mon futur ex et ma future ex-meilleure amie. Si Nicolas voulait arrêter de me lancer des coups d’œil tristes, je ne me sentirais que mieux quand même. En fin d’après-midi, c’est l’heure du café, je m’éclipse dans la cuisine. Je ne peux me retenir plus longtemps, les larmes coulent abondamment le long de mes joues. Ils sont là tous les deux, peut-être même sont-ils venus ensemble. Je me sens jaugée par les autres. J’ai tout de même de bonnes raisons !
— Je ne comprends pas pourquoi tu pleures, c’est toi qui nous évites.
Je n’aurais pas cru que Juliette puisse avoir un tel culot. Je reste un instant figée, puis la colère s’empare de moi.
— Tu te fous carrément de moi ! Ça va faire trois semaines que vous vous souriez derrière mon dos, tu le vois en cachette et tu oses me faire la morale !
Je la vois rougir de suite. Je ne m’étais donc pas trompée.
— C’est pas du tout ce que tu crois ! J’ai voulu t’expliquer, mais tu ne prends même pas mes appels !
Je tourne les talons, attrape mon sac et passe la porte sans saluer qui que ce soit. Arrivée dans la voiture, j’éclate en sanglots. La pilule est dure à avaler tout de même. Je roule, peu importe la direction, le bruit du moteur me calme. Je m’arrête un instant sur ...
... le parking du supermarché. Il y a encore quelques mois, j’y croyais si fort.
— Fais-moi confiance, ferme les yeux et ne les rouvre que quand je te le dirai.
— Il y a du vent, où est-on ?
— Un peu de patience, tu le sauras bien vite.
Quelques pas sur ce qui me semble de l’herbe. J’entends le bruit des vagues. Une légère brise me laisse un goût salé sur les lèvres.
— Ouvre les yeux maintenant.
Le spectacle est à couper le souffle. À perte de vue, l’océan. Les vagues viennent mourir sur les rochers, en contrebas. Du haut de la falaise, j’aperçois le soleil qui semble se noyer dans l’océan. La surface de l’eau est teintée de rouge, le ciel lui-même est orange, mauve. Un vrai camaïeu de couleurs. Au loin, j’aperçois un îlot entouré de rochers en forme d’aiguilles. Un spectacle époustouflant.
— C’est magnifique, je comprends pourquoi tu voulais que l’on vienne ici.
— Au loin, c’est l’îlot des Poulains. C’est mon endroit préféré depuis que je suis tout petit. Je n’y avais jamais emmené personne, tu es la première.
Les larmes aux yeux, je prends cet aveu comme une déclaration. Blottie dans ses bras, j’apprécie la beauté des lieux. Dans son cou, je respire son odeur comme le plus enivrant des parfums. Ma main agrippe la sienne et je me tourne vers lui pour prendre le tendre baiser qu’il m’offre. Les mouettes tournent au loin sur la falaise.
— Tu as froid, allons dîner.
— Vous vous sentez bien, Madame ?
Un vigile tape à la fenêtre de la voiture. Il est vrai ...