Isild n'est pas si loin
Datte: 23/03/2020,
Catégories:
nonéro,
mélo,
Auteur: Loïs, Source: Revebebe
Le bruit de mes pas résonne sur l’asphalte. Je relève le col de ma veste, le vent me glace les os. J’aperçois le lac, derrière l’ombre des chênes. Le soleil termine sa course et disparaît peu à peu derrière l’horizon, d’une certaine façon je l’envie. Moi aussi je voudrais disparaître sous terre et ne réapparaître qu’à l’envi. Le bois du pont grince sous mes pieds, je m’accroche à la rambarde. Je mets la main à ma poitrine, je ne pensais pas que ça ferait aussi mal. J’ai l’impression d’avoir été poignardée.
Impossible de détourner mes yeux de l’eau. Le lac est-il vraiment profond ? Y est-elle vraiment ? Peut-être le saurai-je bientôt. Peut-être pas. Un dernier regard sur mon téléphone, il ne me rappelle pas ; c’est donc la fin. Mes larmes se perdent dans l’eau noire. Je ne sais pas si je pourrais continuer. Je ne sais pas si j’ai vraiment envie de continuer.
La grille était fermée, j’aurais dû me douter de quelque chose, mais je ne l’ai pas fait ; c’est lorsque je suis arrivée à la porte que j’ai compris. D’abord ce furent leurs éclats de rire, puis les voix se firent murmures. J’ai regardé par la partie vitrée et je les ai aperçus tous les deux examinant un écrin. Et là, j’ai enfin compris. Il était avec elle. Je me suis enfuie loin d’eux, loin de tout ça. Mes pas m’ont donc ramené ici, là où tout a commencé.
C’était une chaude journée du mois de juin. Avec quelques copines, on s’était organisé une journée pique-nique et papotage au bord du lac. Après avoir chargé ...
... les victuailles, nous sommes parties toutes les quatre pour une après-midi farniente. Après un copieux déjeuner, poulet froid, salades diverses et une bonne tarte aux mirabelles, nous voilà donc allongées dans l’herbe, méditant sur les hommes.
Sophie et ses questions assassines :
— Stéphanie, pour toi, c’est quoi l’homme idéal ?
La blonde Stéphanie rougit comme une coccinelle.
— Euh, il doit être gentil, attentionné, romantique.
Sophie intervient brutalement :
— Oui, ça c’est le mythe. À quoi il ressemblerait ?
Après un moment de silence, je décide de répondre à mon tour.
— Pour moi, il doit avoir de grands yeux bleus, je craque pour ça, il doit être grand, châtain, romantique à souhait… désolée, Aline, je rejoins Stéphanie là… et avoir une sacrée dose d’imagination. Et aussi être un amant parfait.
Un bref regard et nous éclatons toutes de rire. Sophie reprend son sérieux :
— Je crois que tu risques de chercher longtemps alors.
— Oui, peut-être, mais ça en vaut la peine.
— Juliette, et pour toi ?
Elle baisse la tête et c’est d’une voix triste que je l’entends répondre :
— Je ne sais pas.
Ma meilleure amie est-elle malheureuse ?
L’après-midi passe tranquillement et le soleil se fait moins chaud. Il est temps pour moi de rentrer. J’entasse maladroitement ma glacière et le reste de mes affaires dans le coffre de ma Golf, et hop ! retour à la maison. Je repense à ma conversation avec les filles, après tout je ne devrais peut-être pas ...