1. Isild n'est pas si loin


    Datte: 23/03/2020, Catégories: nonéro, mélo, Auteur: Loïs, Source: Revebebe

    ... apaisée.
    
    Je rouvre les yeux en sursaut, déjà l’heure du dîner. La nuit est tombée et je suis glacée. Je ferme rapidement les volets, monte le chauffage et contemple les messages qui clignotent sur mon téléphone. Je ne rappellerai pas. Je réussis juste à grignoter quelques crackers. Je voudrais tellement que le temps soit élastique et me renvoie en arrière. J’allume la télé, elle sera ma meilleure compagne ce soir. Après un zapping forcené, je tombe sur un vieux film de Truffaut, « La femme d’à côté ». Blottie sur le canapé, je regarde Mathilde et Bernard se déchirer, s’aimer, et se déchirer à nouveau. Ni avec toi ni sans toi. Devise tellement réelle. Je ne peux m’empêcher de verser une larme devant tant d’amour contrarié. Après tout, c’est le lot de beaucoup d’entre nous. Une bonne nuit de sommeil effacera tout ça, et puis demain c’est le week-end et je dois avoir bonne mine, question d’orgueil.
    
    Une douce journée d’automne qui commence. Quand j’ouvre les volets, le soleil inonde la pièce d’une lumière orangée. Quelques pas dans le jardin, les arbres ont encore leurs feuilles et la température est clémente pour la saison. Je cueille une poignée de noisettes, un petit régal pour plus tard. Je décide de faire face, de toute façon si c’est vraiment leur choix je dois l’accepter. Et puis on doit tous se rejoindre chez Sophie pour le déjeuner. J’ai oublié le dessert. J’avale rapidement un jus d’orange, je saute vite sous la douche, enfile ce qui me tombe sous la main et ...
    ... entreprend de faire le tour des pâtisseries du coin. Au bout de la troisième, je parviens à trouver un gâteau, ouf sauvée.
    
    L’horloge sonne onze heures, il me reste moins d’une heure pour me préparer. Tout le monde sera là, lui aussi, il est hors de question que je lui fasse le plaisir de lui montrer que j’ai pleuré. « Sois forte, Alex, tu peux y arriver ». L’image que me renvoie le miroir n’a pas l’air très convaincue par ma tentative d’auto-persuasion. Je fouille dans mon armoire et en ressors une robe en lainage prune près du corps, une paire de bottes, un soupçon d’ombre à paupières, un rouge prune, un peu de mascara et me voilà fin prête.
    
    Après un trajet de dix minutes, me voilà arrivée chez Sophie. Avant de sortir de la voiture, un dernier coup d’œil au miroir, ne jamais rien laisser au hasard. J’entends la musique et les rires. Une dernière inspiration et je sonne à la porte de son petit pavillon. Le gâteau à la main, j’attends que mon hôte arrive. Sophie m’accueille avec un grand sourire
    
    — Alex ! Ça fait plaisir ! On a tous cru que tu avais oublié, personne n’arrive à te joindre depuis des jours !
    
    Je marmonne une brève explication pour mon silence téléphonique qui doit plutôt tenir de la théorie du complot, vu la tête que fait Sophie. Je m’en sors de justesse avec un :
    
    — Mais je suis là maintenant. Si on allait la manger, cette paella !
    — Oui, viens.
    
    Dans le salon, rideaux rouges et fauteuils profonds, je croise le regard fuyant de Juliette. Je lance un ...
«12...4567»