Vraimodo
Datte: 28/12/2019,
Catégories:
fh,
amour,
Auteur: Guust, Source: Revebebe
... Je pense d’abord que je m’y prends mal, ce qui doit être un peu vrai, mais je finis par comprendre qu’elle s’applique à faire durer le plaisir, à me faire ressentir son excitation de la même façon qu’elle ressent la mienne.
La sonate est terminée depuis longtemps que nous sommes toujours sur le lit, étroitement enlacés, nous embrassant voracement. Nos caresses de plus en plus vives, de plus en plus longues, ont embrasé nos corps. Je n’en peux plus de sentir dans mon ventre cette jouissance qui se prépare, cette explosion sans cesse retardée. Les doigts autour du clitoris de Yolande, la bouche sur ses seins, je la sens qui se cambre, qui gémit, qui se laisse emporter par le plaisir. Je l’entends murmurer mon prénom.
Avoir une femme près de moi, nue et offerte, qui soupire et murmure de tendres paroles, est une chose que je n’imaginais même plus dans mes rêves les plus fous. Jamais de ma vie je n’ai été aussi heureux. Mais ai-je jamais été heureux ?
Yolande se coule contre moi, m’embrasse, me caresse. Sa main entoure mon sexe, lui fait un fourreau, le presse contre son ventre, et la jouissance, la délivrance vient, coup de fouet dans les reins, battements désordonnés de mon cœur, souffle court et corps tendu comme un arc.
Nous restons allongés, silencieux, apaisés. Je renonce à réfléchir, à m’interroger. Je flotte comme dans un rêve. Si je mérite un jour un paradis comme celui-là, la mort me semblera ...
... douce.
*****
Je ramasse les poubelles, avec Rachid. Jerzy conduit le camion. Nous parcourons les rues de la ville, chaque jour de chaque semaine de chaque mois de chaque année. Quand nous passons près de chez Yolande, Rachid me pose toujours la même question :
— Tu crois qu’elle sera là ?
Je souris. Une grimace sur mon visage, mais un vrai sourire au fond de moi.
— Bien sûr qu’elle sera là, mon ami. Tu le sais aussi bien que moi.
J’appelle Rachid mon ami. Il est sympa avec moi. Il est passé outre les apparences, et moi aussi.
Yolande est là. Comme à chaque fois. Elle entend le camion, elle se glisse entre les tentures et la baie vitrée qui donne sur le jardinet. Elle pose la paume de la main sur le verre, et reste immobile jusqu’à ce que nous ayons quitté la rue.
Brigitte n’aime pas qu’elle me fréquente, n’aime pas que je vienne chez elle, et le mari de Brigitte non plus. Mais je viens quand même, quand Yolande m’y invite, et ils me tolèrent. Ils s’habituent petit à petit. Ils me voient autrement. Il faudrait leur bander les yeux, à eux aussi.
J’ai besoin de Yolande, de sa présence, de sa douceur, de sa voix et de son corps. Quand je suis chez elle, nous restons dans l’obscurité. Je ne la vois jamais nue. Je la touche. Je la respire. Je la goûte. Je l’étreins. J’écoute parler son corps. Nous n’avons pas besoin de lumière pour nous aimer.
Yolande, j’y tiens bien plus qu’à la prunelle de mes yeux.