La lettre d'Élise...
Datte: 15/11/2019,
Catégories:
fh,
inconnu,
vacances,
strip,
odeurs,
pénétratio,
portrait,
poésie,
coupfoudr,
Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe
... perdre, pas cette fois, avec en lui ce pressentiment que les choses ne se présentent qu’une fois. Il faut savoir saisir sa chance, ne pas la rater.
Les yeux plantés sur ses chaussures, concentré, il faillit buter sur elle. Assise, essoufflée, elle faisait une pose dans l’ascension, une grosse pierre lui servant de siège. Ah ! il était temps de se faire un peu moins silencieux.
– Bonjour, Mademoiselle, désolé de vous avoir importunée, il me semble vous avoir fait fuir, tout à l’heure.
– Non, pas du tout, j’avais seulement un peu froid, lui répondit-elle un peu sèchement, un rien amusée aussi par le « mademoiselle ».
Il s’entendit lui dire :
– Nous pourrions peut-être finir le chemin ensemble, alors ? Lorsque vous aurez repris votre souffle, dit-il, s’étonnant lui-même de son audace à l’inviter à partager la fin de la balade.
– D’accord, laissez-moi encore quelques minutes et repartons ensemble. Vous me prêterez main forte, ce n’est pas de refus. Cette foutue crique se mérite, autant à l’aller qu’au retour, mais elle en vaut la peine, n’est-ce pas ? Un havre de paix quand elle est parfaitement déserte.
Il ne put s’empêcher de remarquer qu’elle lui faisait tout de même le reproche de l’avoir perturbée dans sa tranquillité.
Sa respiration était redevenue plus régulière ; il était resté debout, le regard dirigé vers l’océan. Ni l’un, ni l’autre, ne prononcèrent aucun mot durant ces longues minutes.
Quand elle ouvrit la bouche, il sursauta presque, tant ...
... il était absorbé à remplir ses poumons de l’iode et de ses parfums féminins.
– Excusez-moi, c’est mon tour de vous ennuyer, je vous ai sorti de votre rêverie, il semblerait.
Elle venait de poser sa main sur le haut de son mollet, un frisson courut tout le long de sa jambe. Elle leva ses yeux vers lui, ils avaient l’exacte couleur de l’océan aujourd’hui, un mélange de gris acier, de bleu et de sombre.
– Pas de souci, il faut finir l’escalade, et à rêver le nez au vent on va finir par prendre froid. Vous passez devant et je vous suis, impossible de marcher de front, le sentier est trop étroit.
– Écoutez, si cela ne vous ennuie pas, je vous confie mon sac, mais je préfère marcher derrière vous, cela me facilitera les choses.
– Au fait, si cela n’est pas trop indiscret, comment vous appelez-vous ?
– Élise, et vous ?
– Olivier.
– Eh bien, Olivier, enchantée de faire votre connaissance. Après vous, je vous en prie, je vous suis.
Il comprit plus tard pourquoi elle avait souhaité qu’il la précède ; pour elle, une telle ascension frisait le défi himalayen, elle finissait parfois le genou à terre, se récupérait sur la paume des mains. Il était hors de question pour elle de se montrer dans une telle posture face à un étranger.
Il avançait d’un pas assuré, les deux sacs, fort légers au demeurant, ne le freinaient guère, attentif au moindre son dans son dos, mais il ne se retourna pas. D’inconsciente manière, il avait compris qu’il ne le fallait pas, ne pas ...