La lettre d'Élise...
Datte: 15/11/2019,
Catégories:
fh,
inconnu,
vacances,
strip,
odeurs,
pénétratio,
portrait,
poésie,
coupfoudr,
Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe
... s’asseoir, de se reposer, de goûter au plaisir de l’avoir retrouvé, de laisser resurgir les souvenirs de l’émotion provoquée par la première découverte, de les mélanger à ceux des retrouvailles. La nature dans ces instants-là offre des brins de sérénité. Il jouissait de la paix qui émanait de cette anse, ce coin microscopique, comme si cela avait le pouvoir de le laver de tous les tracas de sa vie.
Un bruit un peu sourd lui fit tourner la tête. Elle était là, assise, ses yeux braqués sur lui. Malgré la distance, il lui sembla que son regard traduisait son agacement à le voir dans cet endroit. Elle avait fait rouler quelques pierres par erreur en tentant de mieux caler ses pieds.
Bon sang, son cœur fit un bond, il n’aurait pas espéré mieux : ce lieu et la violoncelliste, le tout d’un seul coup, c’en était presque trop. Comment se faisait-il qu’il ne l’ait point aperçue ? C’est vrai, elle était vêtue d’un long manteau gris clair et d’un bonnet qui dissimulait ses cheveux, mais tout de même !
Elle semblait posée là, comme venue de nulle part, en parfaite harmonie jusque dans la couleur de son vêtement. Seul le fait d’être un peu en retrait et toutes les pensées qui l’avaient assaillies à son arrivée sur la plage pouvaient expliquer son manque d’attention. Il détourna ses yeux, percevant qu’il était un peu un intrus, là aussi. Il oscillait entre plaisir de l’avoir découverte et gêne de l’avoir surprise par inadvertance.
De nouveau, le son de quelques galets se ...
... cognant l’un contre l’autre l’obligea à se tourner vers elle. Elle avait décidé de partir, encore une fois sa démarche un peu étrange attira son regard. Bon, le sol était loin d’être lisse, mais tout de même il y avait quelque chose de bizarre dans sa manière d’avancer, entre une prestance de ballerine dans le port de tête et un déhanchement un peu excessif d’animal blessé.
Elle n’esquissa pas un seul geste de bonjour, rien, pas un signe en sa direction, et entama la remontée.
Resté seul dans cet endroit, sans elle soudain tout lui parut plus vide, peut-être trop désert subitement. Quitte à paraître mufle et importun, il n’y résista plus, il lui fallait la rejoindre, lui parler. Ses regards lancés quelques instants plus tôt ne l’avaient pas vraiment invité à lier connaissance. Mais qui ne risque rien n’a rien, non ? Quels risques y avait-il ? Juste un refus, de la belle indifférence, peut-être un peu de mépris, juste un coup de pied dans l’égo, rien de très grave.
Il ramassa ses affaires, fourra son appareil dans son sac, se promit de revenir une autre fois. En se penchant, il avait remarqué ces petits cailloux verts, ces morceaux de verre longuement roulés par les vagues, devenus lisses et opaques. Il glissa les tesselles opalines dans les poches de son pantalon, se retrouva à faire un vœu, comme un gamin souhaitant que ses pensées mélangées entre échange, malice et délice prennent vie.
Il entreprit la remontée de la pente, le pas assuré et rapide ; il ne voulait la ...