1. La lettre d'Élise...


    Datte: 15/11/2019, Catégories: fh, inconnu, vacances, strip, odeurs, pénétratio, portrait, poésie, coupfoudr, Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe

    ... être intrus une nouvelle fois, il ralentissait seulement lorsqu’il entendait son souffle se faire plus bruyant.
    
    Plus que quelques mètres, enfin ils arrivaient sur les hauteurs. Il se tourna vers elle, des gouttes de sueur perlaient sur son front ; elle avait quitté son bonnet, il dépassait de la poche de son manteau. Il hésita une fraction de seconde, puis lui tendit la main pour la hisser sur le promontoire, elle ne refusa pas la main tendue. Elle lui parut totalement épuisée mais elle avait un tel sourire, victorieux et lumineux, qu’il en fut ému au plus haut point.
    
    Il lui proposa de s’asseoir quelque temps, prétextant la fatigue supplémentaire due à la lourdeur des sacs, oh ! juste un petit mensonge de rien, de la galanterie mêlée de délicate intention ; elle n’hésita pas une seule seconde, posa ses fesses sur la grosse pierre juste à côté d’elle, lui s’y adossa un peu en contrebas.
    
    En fait de petite pause, ils restèrent là jusqu’à la nuit tombée, parlèrent de tout, de rien, se confièrent comme s’ils se connaissaient depuis des tas d’années ; peut-être le seul fait d’avoir partagé chacun de leur côté ce même lieu les avait rapprochés, comme de la connivence.
    
    Pas un seul geste n’avait été même esquissé. Seulement parfois elle se penchait vers lui, à chaque fois la courbe de sa nuque le chavirait, il lui semblait qu’elle aurait pu se briser sous le coup d’une trop forte rafale tant elle lui évoquait la fragilité. Pourtant, lorsqu’elle dardait l’acier de son ...
    ... regard dans le sien déjà très sombre, à lui seul il démentait la moindre des vulnérabilités.
    
    Il avait froid jusqu’aux os, quand il saisit ses mains elles étaient glacées. Il lui dit :
    
    – Il est temps de rentrer, nous allons finir raides comme un bloc de granit.
    
    – Allons-y, vous avez raison, je vous prends la main si cela ne vous dérange pas, je ne suis pas très à l’aise à la nuit tombée pour marcher sur ce sentier.
    
    Quand il prit sa main, les siennes, déjà grandes, lui parurent gigantesques en comparaison de ses doigts fins avec des attaches un peu noueuses. Ils rentrèrent silencieux jusqu’aux portes de l’hôtel.
    
    – Voulez vous entrer, prendre une boisson chaude ou manger, je suis sûre que l’on pourra nous préparer quelque chose, si vous le souhaitez ?
    
    Elle réfléchit quelques secondes, et il fut déstabilisé par sa réponse.
    
    – Eh bien, d’accord ! Un chocolat chaud, quelques gâteaux secs, assise dans votre chambre, me conviendraient tout à fait ; j’ai besoin d’être installée confortablement et d’allonger mes jambes, et votre lit pourrait fort bien faire l’affaire.
    
    Alors, là, il n’en revenait pas, c’est vrai ils avaient échangé des tas de souvenirs, mais de là à l’inviter dans sa chambre – pas que l’envie ne lui ait pas traversé l’esprit, mais il n’aurait pas osé, pas tout de suite. Elle lui avait paru bien trop sauvage. En plus, elle aimait le chocolat chaud…
    
    Il balbutia timidement :
    
    – Allons-y, Madame Madeleine doit encore être là.
    
    Bon Dieu, il faisait ...
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