1. Rites, moeurs et aventures d'un monde lointain - II


    Datte: 13/12/2025, Catégories: #recueil, #chronique, #merveilleux, #conte, conte, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe

    ... pour mieux remonter d’un coup de genou sous les côtes. Micha gronda. Elle recula d’un pas, essuya le filet de sang à la commissure des lèvres. Et sourit. Le combat s’intensifia.
    
    Les lames de Micha traçaient des lignes rouges dans l’air. Les griffes de Nhalia cherchaient la gorge, les reins, les poignets. Elles se heurtaient, s’empoignaient, tombaient au sol, roulaient dans la poussière.
    
    À un moment, Nhalia attrapa la queue de cheval de Micha, et Micha, sans hésiter, lui planta la lame dans la cuisse. Pas pour tuer. Pour répondre. Elles se séparèrent en haletant. Le sable était rouge. Leurs bras marqués. Leurs torses tachés. Mais aucune ne flanchait.
    
    La foule hurlait à chaque impact. Mais là, elle se tut de nouveau. Parce que Micha avait jeté sa lame. Et Nhalia s’était redressée. Les deux femmes se firent face, désarmées. Micha ouvrit les bras :
    
    — Viens, fille de personne. Viens, si tu veux me battre. Ou me comprendre.
    
    Nhalia bondit. Elles s’empoignèrent. Pas de technique, pas de feinte. Juste le choc pur des muscles, des râles, des corps qui s’éprouvent et se refusent. Micha finit par rouler sur elle. Elle la plaqua au sol. Une main sur la gorge. Le souffle court. Le silence tomba. Et Micha murmura :
    
    — Tu es forte. Tu es mienne. Mais tu n’es pas moi. Tu es mieux.
    
    Elle se releva puis tendit la main à sa fille. Nhalia la prit et elles se retrouvèrent, debout, l’une devant l’autre, à se fixer du regard. Et la foule, soudain, cria. Pas pour la victoire. Pas pour la fin. Pour avoir vu deux vérités s’affronter et ne pas s’anéantir. Et pour la reconnaissance l’une de l’autre.
    
    Depuis, les rumeurs vont. Parfois, on dit qu’on a vu Micha et Nhalia ensemble, sur une route, côte à côte, deux épées dans la même direction. Parfois, on dit qu’elles se détestent, qu’elles s’aimeraient, qu’elles se cherchent encore. Parfois, on dit qu’elles s’attendent. Mais une chose est sûre : le monde est trop petit pour contenir deux légendes comme elles.
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