1. Rites, moeurs et aventures d'un monde lointain - II


    Datte: 13/12/2025, Catégories: #recueil, #chronique, #merveilleux, #conte, conte, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe

    ... un peu.
    
    Certains pleuraient. D’autres riaient. Un vieil homme la regarda et dit, dans un dialecte rugueux :
    
    — Tu n’es pas une femme. Tu es une tempête.
    
    Micha, du haut de ses dix-sept ans, sourit. Aucun coffre ne fut ouvert ce jour-là.
    
    Ils prirent le navire.L’Hirondelle Noire. Micha guida le reste du voyage. Elle les emmena jusqu’à un port sûr. Puis elle disparut, comme une lame dans la mer, leur laissant les trésors.
    
    Depuis, dans certaines îles, on raconte que Micha ne cherche plus l’or dans les cales… Mais les chaînes. Et quand elle en trouve… Elle les coupe toujours.
    
    *
    
    X – La Fille de Personne
    
    (Raconté dans les coins d’ombre, à voix basse. Comme un avertissement.)
    
    Des années ont passé. Micha est plus mûre, plus dure. Elle porte son âge comme d’autres portent une épée : avec orgueil. Son corps est une carte de cicatrices et de triomphes. Elle a aimé, tué, trahi, survécu à des dieux, des rois, des monstres. Elle ne cherche plus rien. Mais quelque chose la cherche, elle, qui chuchote son propre nom, celui qu’elle s’est donné :
    
    —Nhalia.
    
    La Fille-Louve. La prêtresse-guerrière du Temple de la Lune Fendue. Celle qu’on dit née d’une humaine et d’un roi-bête. Celle qui prend des femmes comme des trophées, et défie les hommes jusqu’à les briser. Celle qui cherche Micha.
    
    Elle avait grandi dans le froid, dans le Temple de Roche-Noire, où les murs ne parlaient pas, mais où les prêtresses lisaient les cicatrices comme d’autres lisent les étoiles. On ...
    ... ne lui avait pas dit qui était sa mère. Seulement qu’elle était passée. Un jour. Pleine de sang de son Père, le Roi-Loup. Et qu’elle avait donné l’enfant sans nom.
    
    À cinq ans, Nhalia parlait déjà comme une femme. Et à huit, elle refusait tous les noms qu’on voulait lui donner.
    
    — Je suis la fille de personne ! disait-elle.
    
    Mais dans ses rêves, elle voyait une silhouette. Un dos nu, des cheveux noirs, attachés, puis tranchés. Un rire, un cri et une lame. Toujours une lame.
    
    À treize ans, elle tua un homme qui avait voulu la prendre. À quatorze, elle quitta le temple. Et à quinze, elle trouva la première rumeur.
    
    Une femme, grande, forte, au regard de feu, une queue de cheval battant comme un fouet. Et un nom soufflé à demi-voix.
    
    —Micha.
    
    Nhalia suivit les récits comme on suit des miettes de guerre. Un bordel incendié à Tor-Denil. Une expédition dans la jungle. Un prince égorgé avec le sourire. Et enfin, dans une taverne d’altitude, une vieille, ridée comme un vieux cuir, lui dit :
    
    — Si tu veux la trouver… Va au col des Ossements. Il y a une maison couverte de mousse. On te renseignera.
    
    Nhalia s’y rendit et rencontra Varn, le vieux. Elle ne sut s’il était né humain ou non, ave son dos voûté, son rire rauque comme une pierre raclée, et ses mains longues et noueuses. Varn n’eut pas besoin que Nhalia se présente. Il lui dit, plutôt :
    
    — Tu veux l’affronter ?
    
    Nhalia hocha ta tête. Varn continua :
    
    — Alors, va à Varkossa. Micha t’y retrouvera.
    
    Nhalia ...
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