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Revendication de l'Aube
Datte: 01/12/2025, Catégories: #société, #policier, fh, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe
... touchaient presque pas. Son visage était à quelques centimètres du mien. Je sentais son souffle sur ma bouche. — Laisse-moi t’expliquer. Elle n’a pas reculé. Pas tout de suite. Son regard ne lâchait pas le mien. Et moi, j’étais là, pris entre le mur et elle, entre la pulsion et la guerre. Je ne savais plus si je voulais l’écouter ou la mordre. Puis elle s’est détachée, lentement. Elle a traversé la pièce, s’est assise sur le lit, les jambes croisées. Sa robe a glissé un peu trop haut. Elle n’y a pas touché. Elle savait. Sahar contrôlait tout. — Je suis là pour Roth. Mais pas pour lui. Pour ce qu’il représente. Ce qu’il a volé. Ce qu’il continue de salir. Elle parlait d’une voix calme, basse, presque intime. Comme si elle me soufflait ses secrets à l’oreille, alors qu’elle était de l’autre côté de la pièce. — Un Américain m’a recrutée. Un homme d’affaires. Un stratège. Discret. Connecté. Il voulait la tête de Roth. Mais à sa manière. Mais pas trop fort. Pas trop vite. Elle a levé les yeux vers moi, les jambes toujours croisées, la robe entrouverte, un bras posé négligemment sur sa cuisse nue. — Moi, je veux qu’il chute pour de bon. Toi aussi, non ? Je ne répondais pas. Je la regardais. Je n’arrivais pas à me détourner. Sahar a répété : — Je veux qu’il tombe pour de bon. Pas juste déplacé, pas juste remplacé. Démoli. Je suis resté debout. Mon poing se serrait sans raison. Elle parlait et j’avais envie de l’embrasser ou de l’étrangler. Peut-être ...
... les deux. — Il m’écoute. Il m’ouvre ses comptes. Il s’éloigne de ses associés. De ses vieux amis. Il se confie. Il m’obéit. Je suis à l’intérieur. Il me fait confiance. Il parle. Il me suit. Il s’éloigne des autres. Il me donne tout. Elle m’a expliqué les petites phrases qu’elle lui avait dites et que j’avais captées : — Méfie-toi d’untel. Il veut ta place. Elle avait alors soigneusement fabriqué l’information en jouant sur des tensions existantes de son réseau. Axel l’a cru, a suivi son conseil, a fait vérifier, le doute est devenu réalité, il a coupé les ponts : — Tu avais raison, a-t-il avoué par la suite. Tu es la seule en qui je peux avoir confiance. Elle a alors baissé les yeux, humble. Mais à l’intérieur, elle avait gagné quelque chose… Puis, elle avait continué à distiller des avis, des conseils : — Tu devrais montrer à ces hommes que tu leur fais confiance, lui murmurait-elle après l’amour, son souffle chaud contre son oreille. Délègue-leur plus, ils te seront loyaux. Axel Roth l’a encore cru. Il a ouvert des portes à de mauvais associés que Sahar y glissait. Et l’argent commença à s’évaporer. Des transactions douteuses, des investissements risqués qu’elle lui soufflait à l’oreille, sur l’oreiller. Pendant des semaines, des mois, elle s’est fait violence pour gagner sa confiance. Puis, dans ma petite chambre aux murs bruns, Sahar s’est levée. S’est approchée. Tout doucement. Elle a posé une main chaude sur ma joue. Sa paume contre ma peau ...