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Revendication de l'Aube
Datte: 01/12/2025, Catégories: #société, #policier, fh, Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe
Le ciel se déploie en un bleu limpide, traversé par quelques nuages effilochés. Une brise légère danse entre les palmiers, caresse la peau, porte un parfum d’embruns et de fleurs exotiques. La mer turquoise s’étire à l’infini, ourlée d’écume blanche où meurent des vagues paresseuses. Sur le rivage, le sable fin, presque doré, semble scintiller sous le soleil. Les terrasses des hôtels de luxe s’accrochent aux reliefs et offrent une vue imprenable sur l’horizon. Là-haut, sous des pergolas ombragées, des vacanciers dégustent des cocktails aux teintes vives, servis dans des verres givrés. Plus bas, des yachts élégants glissent sur l’eau et tracent des sillages éphémères. Les restaurants aux façades immaculées résonnent de rires feutrés, de tintements de verres, d’accords de musique discrète. Ici, tout est conçu pour le plaisir des sens. Les jardins, luxuriants, exhalent des senteurs de jasmin et de figuier. Le soir, des lanternes s’allument, projetant des éclats dorés sur les piscines à débordement. Rien ne semble troubler cette harmonie parfaite, ce tableau où le temps suspend son vol, entre luxe et douceur de vivre. D’une démarche fluide et assurée, je me faufile entre les tables, le plateau parfaitement équilibré au creux de ma main. Mon costume blanc est impeccable, il souligne la finesse de ma silhouette. Sous le soleil déclinant, ma peau sombre capte la lumière, comme polie par les embruns et la chaleur du jour. Mon sourire est à la fois discret et charmeur sur ...
... mes joues rasées de près, éclat de bienveillance savamment dosé entre professionnalisme et séduction. Je m’arrête à une table où un couple sirote un vin pétillant, verse un filet d’eau glacée dans un verre en cristal, attentive élégance du geste. — Autre chose, monsieur ? m’enquiers-je. Ma voix est douce, posée, teintée d’un accent qui intrigue sans que l’on sache d’où je viens exactement. J’ai bien travaillé mes effets. L’homme m’adresse un signe de tête, la femme laisse traîner son regard un instant de trop sur mon corps avant de replonger dans son verre. Plus loin, un groupe d’amis rit aux éclats sous une tonnelle ombragée. Je m’approche, remplace un cendrier, dépose un plateau de fruits frais sur la table, effleure d’un regard complice une cliente qui m’observe. Ici, je suis invisible et pourtant omniprésent. Je suis un fantôme raffiné dans un monde de prestance, d’opulence, d’insouciance. * Allongé sur un transat en teck, Axel Roth savoure l’instant. La lumière ambrée du soir glisse sur sa peau hâlée, rehaussant l’éclat de sa montre hors de prix. Autour de lui, l’air vibre d’un calme maîtrisé : le clapotis feutré des vagues, le murmure discret des conversations, la mélodie d’un oud ou d’un buzuq lointain. Tout ici semble exister pour son plaisir. D’un geste nonchalant, il ajuste ses lunettes teintées et tend la main sans même tourner la tête. Précis et silencieux, j’y dépose un verre où perle la condensation. Un cocktail d’un vert éclatant, surmonté ...