1. Une illusion parfaite par Christine François-Kirsch


    Datte: 27/08/2019, Catégories: Entre-nous, Les femmes, Auteur: Mia-michael, Source: Hds

    ... j’installais du sentiment, de l’autorité, du mystère, de l'humour. Oui, elle avait beaucoup ri au cours de ce repas et son visage, si beau mais si dur parfois s’était ouvert.
    
    Le déjeuner terminé, nous prîmes un café, puis deux en terrasse. Francesca fumait beaucoup, moi pas. Ça me plaisait, qu’elle fume. Ça lui donnait un côté années 50. J’ignore pour
    
    quoi, mais elle me donnait l’impression d’être à peine libérée des interdits qui avaient bloqué et freiné les femmes depuis toujours. Elle me faisait vraiment penser à une Américaine, à une New-yorkaise des fifties qui s’affranchissait. Cette image m’avait traversé comme un éclair.
    
    Les heures avaient passé sans que nous nous en apercevions. Plus de 3. Était-ce cela, un coup de foudre ? Être emporté dans un espace-temps inconnu, différent, sans sensations reconnaissables ? J’étais troublée, excessivement troublée, extrêmement troublée par cette femme qui, malgré tout, m’agaçait déjà.
    
    Nous étions en train de tomber amoureuses l’une de l’autre. Moi, je le savais, l’acceptais. Francesca, moins."
    
    "Francesca me proposait toujours de se voir quand j'étais en voyage. Ce petit jeu agaçant dura des semaines.
    
    Je finis par comprendre que Francesca mourait d'envie de passer du temps avec moi, mais elle était aussi terrorisée de la tournure que pourrait prendre cette histoire. Depuis le baiser, elle me le raconta sur le tard, elle y pensait, et s'interdisait tout désir de cette nature-là. Elle s'était donc évertuée à ...
    ... rentrer dans le rang, à jouer au couple parfait, du moins pour l'extérieur, avec son mari qui n'y comprenait pas grand chose.
    
    Ce scientifique, beau parleur, égoïste, individualiste, radin, avait tout fait pour reconquérir sa femme. Il avait surtout compris que Francesca était à la fois éprise de conventions. Mais aussi de moi. Et ça, cette caricature d'Italien ne pouvait le supporter. Qu'elle le trompe avec qui elle voulait, avec n'importe quel blaireau, comme il disait, il s'en fichait presque. Enfin, non, il ne s'en fichait pas, mais comme il l'a trompait lui aussi, dans son esprit, cela faisait partie de l'ordre naturel des choses. Des couples. Dans les couples, on se trompe, c'est comme ça. Ça ne veut pas dire qu'on n'aime plus. Il m'avait un jour expliqué ça. Je l'avais laissé parler alors, pourquoi perdre du temps à discuter avec un tel crétin ? Je ne voulais pas lui donner de prise. Ça l'énervait encore plus.
    
    On se trompe, on couche un peu à droite à gauche, histoire de s'émoustiller. Et on rentre à la maison, après une douche au savon bon marché, on fait semblant d'aller bien. On donne cette image autour de soi et les copains trouvent ça super. Puisqu'eux aussi font semblant. C'est quand même ce que je lui avais dit en conclusion de notre discussion.
    
    Ça l'avait vexé.
    
    Mais ce type n'était pas totalement idiot et il avait cependant senti que je pouvais être une menace pour l'équilibre, même précaire, de son couple. Bien sûr, ils s'étaient déjà séparés plusieurs ...
«12...4567»